Les Radley : une comédie vampirique manquant de mordant

Une famille de vampires « abstinents » combat difficilement ses pulsions dans Les Radley, un film de vampire original et intrigant, mais assez inabouti.
Réalisé par Euros Lyn, jusque-là surtout connu pour son travail à la télévision de Doctor Who (pour lequel il a été plusieurs fois récompensé) et le plus récent Heartstopper, Les Radley adapte le roman du même nom de Matt Haig avec un casting plutôt alléchant. Damian Lewis (Band of Brothers, Homeland), dans un double rôle étonnant, donne entre autres la réplique à Kelly Macdonald (No Country for Old Men). Les Radley suit l’histoire d’une famille de vampires « abstinents », dont les parents Peter (Lewis) et Helen (MacDonald) tentent de montrer l’exemple à leurs deux ados, et mènent une vie affreusement ordinaire dans une petite ville anglaise, en évitant de croquer tout ce qui bouge. Lorsque des événements imprévus, notamment l’arrivée d’un oncle bien plus « pratiquant », réveillent leurs véritables instincts, ils sont rapidement dépassés par leur vraie nature et par les secrets que chacun cache.
Humour mordant et surjeu épuisant

Sur le papier, Les Radley promet une variation originale sur le thème des vampires, à la sauce britannique. Malheureusement, malgré un point de départ prometteur et une scène inaugurale en forêt plus que réjouissante, le film a du mal à réellement exploiter son potentiel. D’une durée de presque 2h, le long-métrage d’Euros Lyn aurait gagné à être raccourci d’une bonne trentaine de minutes pour être plus efficace. Le choix de la concision n’a pas été fait et le film souffre en conséquence d’une intrigue qui s’étire inutilement et de scènes répétitives, notamment toutes celles explorant la relation entre la mère de famille et son beau-frère (jumeau du mari, puisque joué également par Damian Lewis).
« Le côté vampirique, censé être le cœur du concept du film,
est étonnamment peu présent. »
Le côté vampirique, censé être le cœur du concept du long-métrage, est étonnamment peu présent, à part pour servir de métaphore sur la puberté, et on a surtout l’impression de suivre une famille lambda en crise plutôt qu’un clan de créatures surnaturelles. La faute notamment à des personnages qui manquent d’épaisseur et une direction d’acteurs pas toujours juste. Si Damian Lewis est impeccable dans son double rôle, le reste du casting peine à convaincre. Harry Baxendale et Bo Bragason dans la peau des ados contrariés de la famille Radley sont dans le surjeu permanent, ce qui enlève toute subtilité à leurs personnages. Heureusement, l’humour discret et mordant, typique du cinéma britannique, apporte cette fraîcheur manquante au reste du film. Dès lors qu’on se retrouve dans ces moments de décalage et d’ironie, il est possible d’entrapercevoir ce qu’aurait pu être Les Radley s’il avait joué à fond la carte satirique.
Au final, Les Radley est une entrée plutôt sympathique dans le genre vampirique, qui tente d’être original et génère quelques bons moments, mais qui n’ose pas assez pour vraiment convaincre et laisse surtout un goût d’inachevé frustrant. Dommage !