Spermageddon : une épopée couillue aussi absurde qu’utile

par | 7 octobre 2025

Spermageddon : une épopée couillue aussi absurde qu'utile

Avatar salace d’Il était une fois la vie, Spermageddon nous plonge dans une guerre musicale surprenante entre spermatozoïdes !

Projet d’animation totalement délirant venu tout droit de Norvège, Spermageddon promet dès une aventure intérieure comme on en voit peu. Réalisé par Tommy Wirkola, le vilain garnement auquel on doit Dead Snow, Seven Sisters et Violent Night, le film se déroule en effet, et comme on peut s’y attendre vu son titre, dans « les bourses » d’un adolescent sur le point de vivre sa première fois. L’occasion de découvrir l’affrontement délirant entre les différents spermatozoïdes qui rêvent d’être l’élu qui fécondera l’ovule de la partenaire de notre cher ado… le tout sur fond de comédie musicale.

 Sur le papier l’idée de mélanger le principe de la série télé Il était une fois la vie à la comédie potache façon Sausage Party a de quoi intriguer. Et dans les faits certains passages sont effectivement très drôles. Spermageddon ne recule devant rien et c’est sans doute ce qui fait sa force : séquences musicales absurdes (celle à l’origine du titre du film sera, hum, compliquée à oublier), répliques volontairement crues, personnages aux allures de héros de guerre dans une quête de fécondation à haut risque. Le rire vient facilement et souvent de bon cœur face à tant d’audace visuelle et narrative.

Humour gras et inclusivité

Spermageddon : une épopée couillue aussi absurde qu'utile

Malgré son ton potache et ses blagues sous la ceinture, Spermageddon n’est pas dépourvu de messages positifs. Sous couvert d’humour gras, le film glisse habilement quelques réflexions sur la sexualité et notamment sur les dangers d’un visionnage intensif et trop précoce de pornographie conduisant à une vision erronée du rapport sexuel. Sans jamais verser dans le discours moralisateur, il rappelle aussi l’importance d’être libre de faire ses propres choix concernant son corps. Pas si naïf que ça, étant donné l’époque conservatrice que nous traversons.

Dans le même esprit, Spermageddon se distingue par une représentation étonnamment réaliste et inclusive des corps adolescents. Loin des archétypes aseptisés ou des caricatures hyper-sexualisées qui sont souvent la norme à Hollywood, le film de Wirkola choisit de montrer une diversité de morphologies sans jugement et nous épargne les adolescents qui ont le corps d’adultes de trente ans dopés aux hormones. Le tout apporte une profondeur inattendue au milieu d’un univers volontairement provocateur.

« Un film inégal, qui s’essouffle parfois,
mais reste globalement une réussite sympathique. »

L’animation, elle, est solide, avec un design rondouillard qui colle parfaitement au ton du film et certaines trouvailles visuelles qui fonctionnent très bien, que ce soit dans les scènes d’action (dans tous les sens du terme) ou dans les moments de parodie pure. Le rythme global reste correct, même si Spermageddon n’est pas exempt de longueurs. Ce rythme finit par s’essouffler, car une fois passée la surprise de la découverte, le long-métrage tourne un peu en rond. L’humour qui fonctionne bien dans un premier temps devient répétitif : les deux spermatozoïdes principaux qui s’appellent Simonce et Cumilla c’est drôle deux ou trois fois… mais au bout de presque 1h30, le soufflé retombe légèrement.

Au final Spermageddon est un film inégal, qui s’essouffle parfois, mais reste globalement une réussite sympathique. Derrière son humour au ras des pâquerettes, typique de son réalisateur, se cache un vrai soin apporté à la transmission de messages importants, et ce jusqu’à une séquence finale qui met clairement les points sur les i et les barres sur les T. C’est cette sincérité, alliée à une inventivité visuelle constante, qui lui permet de dépasser son statut de simple curiosité salace pour devenir une œuvre aussi décalée que bienveillante.