Mantis : un thriller stylisé pas à la hauteur de ses ambitions

par | 7 octobre 2025

Mantis : un thriller stylisé pas à la hauteur de ses ambitions

Spin-off de Kill Bok-soon, le coréen Mantis explore avec férocité un univers de tueurs aux dents longues, sans convaincre.

Issu du même univers que Kill Bok-soon, efficace thriller tarantinesque sorti en 2023 sur Netflix, Mantis part d’une idée simple, mais séduisante, puisqu’il imagine une société tellement gangrenée par le chômage que même les tueurs à gages n’arrivent plus à trouver du travail. Malheureusement, ce spin-off porté par Yim Si-wan et Park Gyu-young (connus des abonnés, puisque vus tous les deux dans la série à succès Squid Game) peine à dépasser son concept de base. Si le film affiche de belles intentions, et surtout une certaine maîtrise visuelle typique du cinéma coréen, il se prend les pieds dans un récit qui tourne en rond.

Qui sera le meilleur assassin ?

Mantis : un thriller stylisé pas à la hauteur de ses ambitions

Le film suit donc le parcours de Han-ul alias « Mantis », un tueur à gages fantasque qui rentre de petites vacances à la suite de la chute de l’organisation dominante MK (décrite dans Kill Bok-soon). Un événement qui laisse un vide dans lequel chacun tente de s’engouffrer pour tirer son épingle du jeu. Mais quand plus personne ne respecte les règles et que tout le monde joue pour soi, c’est très vite le chaos chez les assassins d’élite, entre guerre d’égos et conflits entre anciens maîtres et jeunes loups aux dents longues.

« C’est joli, c’est bien emballé,
mais le tout est finalement très aseptisé. »

L’idée d’un monde de tueurs façon yakuzas, régi par des organisations avec ses codes et ses hiérarchies, n’est pas neuve, mais fonctionne toujours. Mantis peine pourtant à capitaliser sur ce canevas classique et le scénario ne sait rapidement plus où donner de la tête. De la relation ambiguë entre Mantis, sa rivale et amie Jae-i et leur ancien mentor déchu Dok-go (Jo Woo-jin, vu dans Alienoid), à un univers qui se veut riche, mais se retrouve réduit à quelques allusions vite évacuées, le long-métrage s’embourbe tout seul dans sa volonté d’en faire trop sans avoir les moyens de ses ambitions.

Une guerre de tueurs sans tension

Mantis : un thriller stylisé pas à la hauteur de ses ambitions

Même les missions d’assassinat, censées être le cœur du récit, sont exécutées dans l’indifférence la plus totale. Elles sont bien chorégraphiées, certes, mais peinent à générer la moindre adrénaline et semblent là uniquement pour servir d’interludes esthétiques. Appliquée, la mise en scène ne lésine pas sur les ralentis suggestifs et contre-jours élégants, mais devient scolaire. Les scènes d’action sont précises, mais ne suscitent ni urgence ni même un peu de tension. C’est joli, c’est bien emballé, mais le tout est finalement très aseptisé.

Mantis veut raconter une opposition entre passé et présent, maître et élève, respect des coutumes et chaos, mais ses personnages sont trop prévisibles et les questions qu’ils soulèvent (précarisation du travail, société individualiste) ne sont qu’effleurées, au profit d’un scénario qui se veut complexe, mais qui se révèle juste confus. Notre héros est censé débarquer dans un monde en plein chaos, mais le film est si dépourvu de véritable tension qu’il est compliqué de se préoccuper de qui que ce soit. Reste un long-métrage visuellement séduisant dans la forme, mais qui oublie d’être autre chose qu’un (très) long clip bien exécuté. Un divertissement qui pourra satisfaire les amateurs d’action chorégraphiée. Les autres y verront un produit au goût d’inachevé, avec un scénario qui manque de corps et de cœur.