Night of something strange : du carnage lubrique et dégénéré

Irrévérencieux, scatologique et baignant dans le mauvais goût, Night of Something Strange a le charme fun des séries B improbables.
Tourné en 2016, Night of something strange, qui débarque en France à l’occasion du marathon d’Halloween de Shadowz, est devenu un petit film culte chez les amateurs de trash assumé et fait l’effet d’une bombe irrévérencieuse dans le paysage horrifique. Le pitch est aussi squelettique qu’efficace : une MST se répand dans un petit patelin et transforme ses victimes en zombies totalement lubriques. À partir de là, c’est un déluge (dans tous les sens du terme) de séquences plus folles, gores et outrancières les unes que les autres.
Les cinq premières minutes donnent d’ailleurs le ton : entre nécrophilie (le virus trouve son origine… dans une morgue après un ébat sexuel douteux), jets d’urine et inceste, le téléspectateur sait où il met les pieds et mieux vaut qu’il y soit préparé. Le film ne cherche pas à choquer par surprise : il assume totalement son humour douteux et son envie de repousser les limites du tolérable. Night of something strange bascule ensuite de manière plus classique sur un groupe d’adolescents en route pour une semaine de spring break. Après une halte dans un motel, ils vont devoir faire face aux contaminés et tenter de survivre tant bien que mal. Rien d’original sur le papier, mais la mise en scène décomplexée et le ton volontairement outrancier font toute la différence.
La nuit des zombies répugnants

Le réalisateur Jonathan Straiton (qui semble être un passionné sincère des nanars bien juteux) transforme ce scénario de série B, voire Z, en feu d’artifice de provocations et de fluides corporels. Night of Something Strange joue en effet la carte du mauvais goût et de l’excès jusqu’au bout, tout en jouant avec les codes du cinéma d’horreur des années 80/90. On retrouve à la fois, toutes proportions gardées, l’esprit potache des Evil Dead et la folie visuelle de Braindead, le tout saupoudré d’un humour si gras qu’il en devient jubilatoire. Les références y sont d’ailleurs légion : le quatuor principal porte les prénoms de Carrie, Christine, Freddy et Jason. Pas subtil du tout, mais le film ne prétend pas l’être.
« Entre chairs putréfiées, vomi, pets foireux, sperme acide et geysers d’hémoglobine, le spectateur averti en a pour son argent. »
Si le spectacle est carrément vulgaire, il ne bascule pourtant jamais complètement dans le n’importe quoi. Straiton garde un sens du rythme étonnamment solide au vu de son budget et une certaine cohérence narrative. Les effets spéciaux sont artisanaux, mais efficaces et généreusement sanglants. Entre chairs putréfiées, vomi, pets foireux, sperme acide et geysers d’hémoglobine, le spectateur averti en a pour son argent. C’est répugnant, le plus souvent hilarant, mais, on le redit, toujours assumé. Là où beaucoup de comédies horrifiques s’essoufflent, Night of Something Strange va jusqu’au bout de son concept et ne relâche jamais la pression. La dernière demi-heure repousse les limites et délivre un final aussi grotesque qu’inventif, à réserver à ceux qui n’ont pas froid aux yeux.
Night of Something Strange n’est pas un film qui plaira à tout le monde, même aux fans de films d’horreur (loin de là). Mais il a le mérite d’être honnête, jusqu’au-boutiste et incroyablement fun si on adhère à son humour scatologique et son univers dégénéré. Un concentré de mauvais goût réjouissant à regarder avec le cœur bien accroché et l’estomac solide.