Vicious : un film d’horreur qui sent la naphtaline

par | 21 octobre 2025

Vicious : un film d’horreur qui sent la naphtaline

Le réalisateur de The Strangers dirige Dakota Fanning dans Vicious, dont le pitch intrigant débouche sur un ratage poussiéreux et prévisible.

D’abord prévu en salles aux USA avant d’être diffusé en ce mois d’octobre directement sur Paramount+, Vicious marque le retour de Bryan Bertino, réalisateur de l’excellent The Strangers, aux sources du cinéma d’épouvante psychologique, avec en tête d’affiche Dakota Fanning (La Guerre des mondes, The Runaways) qu’on annonçait habitée par son rôle. L’ambition ici est claire : proposer un cauchemar moderne entre paranoïa domestique et hantise existentielle. Et l’idée centrale est plutôt intrigante. Polly, jeune femme paumée et en pleine remise en question, reçoit une boîte étrange d’une vieille femme non moins étrange (Kathryn Hunter, vue dans Harry Potter). Celle-ci lui annonce qu’elle mourra cette nuit sauf si elle fait trois choses : donner quelque chose qu’elle déteste, quelque chose dont elle a besoin et quelque chose qu’elle aime.

Les clichés de l’angoisse

Vicious : un film d’horreur qui sent la naphtaline

Malheureusement, Vicious ressemble davantage à un pot-pourri poussiéreux de tout ce que le genre a déjà trop souvent recyclé qu’à une œuvre novatrice. Le film aligne les figures imposées avec une telle insistance qu’il en devient scolaire : vieille femme inquiétante, coups de fil mystérieux, jump scares attendus, faux-semblants et double maléfique… Tout y est, comme s’il s’agissait d’un devoir de fan appliqué plus soucieux de cocher les cases que de créer une véritable tension. À force de convoquer ces codes usés sans les détourner, Vicious ne construit rien d’autre qu’un labyrinthe de clichés.

« Vicious ressemble à un recyclage horriblement daté du genre. »

Le scénario se veut tortueux, mais peine à justifier sa complexité. Derrière les couches de symbolisme superficiel et les dialogues sur-écrits survit un récit qui tourne à vide et lasse bien avant son dénouement. Pire encore, Vicious semble persuadé d’être plus intelligent et profond qu’il ne l’est, étirant inutilement ses dialogues et ses scènes d’exposition au risque de plomber tout rythme narratif.

La mise en scène de Bertino, pourtant loin d’être un débutant, ne rattrape rien : l’ambiance, voulue poisseuse et anxiogène, sonne creux. L’esthétique oscille entre filtre grisâtre impersonnel et effets sonores forcés, avec une musique omniprésente et répétitive qui choisit d’irriter plutôt que de suggérer. Et que le temps paraît long ! Une fois la surprise passée (ou plutôt la promesse rompue), tout devient prévisible. Chaque rebondissement est télégraphié et chaque révélation sent le réchauffé. Tout est surligné avec une lourdeur digne d’un 36 tonnes se traînant sur l’autoroute.

Dakota fait le show

Dakota Fanning, elle, tire son épingle du jeu on ne sait trop comment. Elle parvient malgré l’inconsistance du script à insuffler une certaine humanité à son personnage. Son regard, sa gestuelle, ses silences sauvent de nombreux passages de l’ennui complet. On devine chez elle une volonté de donner du relief à un rôle qui ne lui en offre que peu. C’est dans ces quelques moments de grâce qu’on entrevoit le film qu’aurait pu être Vicious.

Mais une bonne actrice ne fait pas un bon film et encore moins un film d’horreur marquant. Vicious ressemble davantage à un recyclage horriblement daté du genre. Rien ne dépasse, tout est attendu et l’effroi est remplacé par une routine narrative mortelle. La tentative de retour aux fondamentaux débouche donc sur un immense flop.