Frankie Freako : Maman j’ai raté l’avion sous acide

par | 27 octobre 2025

Frankie Freako : Maman j'ai raté l'avion sous acide

Avec ses marionnettes rétro et son look de comédie parodique farfelue, Frankie Freako coche toutes les cases du plaisir coupable, nostalgique et euphorisant.

Exclusivité Shadowz de ce riche mois d’octobre, Frankie Freako confirme que Steven Kostanski n’a définitivement peur de rien. Déjà responsable de l’improbable Psycho Goreman, le réalisateur canadien livre ici un nouveau bijou d’absurde « wtfesque », mélange de comédie domestique, d’horreur de garage et de trip psychédélique sous amphétamines. Frankie Freako suit Conor, un type tellement coincé que son grand frisson hebdomadaire consiste à… tenir la main de sa femme. Une existence chronométrée et morne jusqu’à ce qu’un appel sur une hotline farfelue fasse tout basculer. En quelques minutes, son quotidien aseptisé devient un cauchemar burlesque : marionnettes, mutants et cowgirls déchaînées débarquent dans son salon, comme si Gremlins avait fusionné avec Maman j’ai raté l’avion un soir de pleine lune.

Délire artisanal à travers les dimensions

Frankie Freako : Maman j'ai raté l'avion sous acide

À partir de ce postulat déjà hallucinant, Kostanski s’enfonce dans un délire qui ne s’arrête jamais. La logique explose, les décors avec et chaque scène semble vouloir battre la précédente en démesure. Le film passe d’une comédie absurde à une pseudo-dystopie pop sans jamais perdre le spectateur, tant son univers est tenu par une énergie sincère et communicative. Là où d’autres sombreraient dans le chaos technique, Frankie Freako danse au bord du gouffre avec un plaisir évident. Les marionnettes (pas toujours au top d’un point de vue technique, mais on voit l’investissement nécessaire pour leur donner vie) donnent au film une âme artisanale irrésistible. Dottie la cowgirl tireuse d’élite au grand cœur, ou Frankie, rockeur déglingué qui semble avoir inhalé toute la farine du monde, forment un couple chaotique attachant qu’on aimerait presque inviter chez soi (avant qu’ils ne détruisent tout). On sent derrière chaque créature l’amour du bricolage, du latex et de la débrouille, mais surtout un Kostanski qui refuse le cynisme pour mieux renouer avec la folie sincère du cinéma de vidéoclub.

« Tout transpire la nostalgie d’une époque où le ridicule
n’était pas un défaut, mais une promesse de liberté. »

Cet amour, Kostanski le voue aussi bien sûr aux années 80/90 : du look de Conor (interprété par un Conor Sweeney génial dans l’acting absurde) aux faux programmes télé diffusés en fond, pastiches hilarants de publicités et programmes d’époque, tout transpire la nostalgie d’une époque où le ridicule n’était pas un défaut, mais une promesse de liberté. Derrière ce déluge d’absurdité, Frankie Freako cache pourtant une petite morale tendre : il faut apprendre comme Conor à profiter de la vie avant qu’elle ne vous transforme en marionnettiste dément. Sous les giclées de glue et la panique burlesque, Kostanski glisse un message presque émouvant sur la peur de l’ennui et la joie de l’imprévu. Au final Frankie Freako se révèle être un film déglingué et euphorisant, visuellement généreux et émotionnellement punk. Il ne cherche pas à être parfait, préférant être libre et sincère. Et c’est précisément pour ça qu’il fonctionne.