Mom : quand le drame supplante l’horreur

par | 31 octobre 2025

Mom : quand le drame supplante l’horreur

Maternité et dépression ne font pas bon ménage dans Mom, film oppressant hésitant entre plusieurs genres, mais porté par une excellente actrice.

L’une des exclusivités du gargantuesque mois d’octobre de Shadowz, Mom, réalisé par Adam O’Brien, se présente comme un film d’horreur psychologique porté par Emily Hampshire (Schitt’s Creek, Humane). L’actrice incarne Meredith, une jeune mère de famille dépassée par sa nouvelle maternité, un entourage absent et un mari peu compréhensif. Un personnage en plein post-partum assailli de visions horrifiques qui prennent de plus en plus de place dans son quotidien.

Néanmoins c’est avant tout dans sa facette la plus intime, celle du drame familial, que ce long-métrage trouve sa force. Mom aborde avec une justesse rare le thème douloureux de la dépression périnatale, sans détourner le regard ni céder à la tentation de verser dans le pathos. C’est un portrait glaçant d’une mère qui sombre sous le poids de sa propre maternité et d’un couple qui se fissure à mesure que la réalité devient trop lourde à supporter.

Le berceau de la tragédie

Mom : quand le drame supplante l’horreur

Emily Hampshire livre ici une performance impeccable. En mère à bout de nerfs face à son enfant, elle retranscrit à la perfection la fragilité et la colère qui se mêlent dans cette descente en enfer silencieuse. À ses côtés François Arnaud campe de façon assez convenu un mari heureux de sa nouvelle paternité, mais sinistrement incompétent, témoin impuissant (ou indifférent) de la déliquescence mentale de sa femme. La dégradation de leur relation, miroir du chaos intérieur de Meredith, confère au film une intensité douloureuse et terriblement crédible.

Mais si Mom touche juste dans son étude du désespoir, il échoue à être un véritable film d’horreur. Les séquences censées provoquer la peur ne sont qu’un alignement de moments pseudo-horrifiques recyclant visions convenues et cauchemars prévisibles. Rien n’est surprenant ni ne dérange réellement car l’angoisse y devient mécanique, basée sur des clichés mille fois usés. La mise en scène perd en sincérité ce qu’elle gagne en effets faciles.

« O’Brien semble ne pas avoir eu confiance en la puissance de cette lente tragédie et a cru bon d’y greffer un vernis d’horreur. »

C’est d’autant plus regrettable que l’ambiance de Mom, froide et oppressante suffisait à elle seule à maintenir la tension. On sent le drame approcher, inévitable, et le spectateur ne peut que le regarder impuissant. O’Brien semble pourtant ne pas avoir eu confiance en la puissance de cette lente tragédie, et a cru bon d’y greffer un vernis d’horreur, là où le réalisme cru de la détresse maternelle aurait largement suffi.

Cela ne fait pas de Mom un mauvais film. C’est, dans l’ensemble, un bon et difficile drame familial doublé malheureusement d’une mauvaise série B horrifique. Son potentiel pourtant immense se perd dans cette valse de tons qui l’empêche d’aller au bout de son propos. On en ressort ému, glacé, mais surtout frustré devant ce qui aurait pu être une grande œuvre sur la maternité et la folie, si elle avait eu le courage de renoncer à ses artifices.