G20 : quand la Présidente bande les muscles

par | 25 avril 2025 | À LA UNE, Critiques, PRIME VIDEO

G20 : quand la Présidente bande les muscles

Viola Davis joue les McClane de la Maison-Blanche dans G20, un film d’action pas à la hauteur du plaisir régressif qu’il promet.

La fascination du cinéma hollywoodien pour la figure du président des USA ne date pas d’hier. Mais s’il y a une période où le « POTUS » a pris une dimension spectaculaire, cocardière et carnavalesque, c’est bien les années 90. D’Independance Day à Air Force One en passant par Deep Impact, la décennie fut chargée en interprétations pour le moins surréalistes de la fonction présidentielle. C’est cette époque surannée, celle également qui a vu naître Die Hard et ses suites, que G20, production Amazon avec l’actrice oscarisée Viola Davis, regarde avec amour en essayant de dupliquer ses charmes simples et régressifs. Ce film d’action manichéen prend pour héroïne une femme noire prenant sa mission de leader du monde libre à cœur, dans un contexte politique où le locataire de la Maison-Blanche semble lui plus préoccupé par l’idée de saborder son pays et de déporter ses propres concitoyens. S’il est loin de se présenter comme un pamphlet politisé – le tournage s’est achevé moins d’un an avant les élections – G20 ne peut pas être abordé indépendamment de cette situation.

Un sommet en enfer

G20 : quand la Présidente bande les muscles

Ce n’est a priori pas demain la veille que les USA auront la chance de voir arriver dans le bureau ovale une femme aussi badass que Danielle Sutton (une athlétique Viola Davis, que l’on voit rarement dans ce registre musclé hormis pour The Woman King), ancienne héroïne de guerre propulsée en haut des sondages. Sutton veut en finir avec la pauvreté dans le monde en soutenant la création d’une monnaie numérique universelle : un projet qu’elle compte promouvoir au sommet du G20, avec les grands dirigeants de ce monde. Un rendez-vous à Cape Town auquel elle compte se rendre avec sa famille – dont fait partie sa fille aînée, rebelle et petit génie de l’informatique. Mais durant ce raout diplomatique, l’impensable (ou plutôt l’improbable) arrive : des mercenaires dirigés par l’impavide Ruthledge (Anthony Starr, moins intimidant que dans The Boys) prennent possession de l’hôtel où se déroule le sommet et l’assemblée en otage. Leur but ? Ruiner l’économie mondiale en bidouillant des deepfakes de chaque dirigeant et forcer la population à investir dans les cryptomonnaies pour devenir millionnaires en bitcoins… Oui, ça fait beaucoup de mots-clés branchés pour pas grand-chose, on sait.

« Patricia Riggen ne sait visiblement pas quoi faire de ce projet qui sent surtout la précipitation et la flemmardise à tous les étages. »

Dès les premières séquences de G20, qui ne se gênent pas pour cligner de l’œil en direction de Piège de Cristal, il est évident que le film de Patricia Riggen (Jack Ryan, Les 33) va se placer sagement dans le sillon du classique indépassable de John McTiernan, sans chercher à innover ou se démarquer de cet encombrant modèle. Car oui, Sutton va rapidement fausser compagnie à ses agresseurs, en compagnie de son garde du corps, du Premier ministre britannique, de la présidente du FMI et de la première dame sud-coréenne. Un attelage bigarré, aux réactions outrancières et aux ressources invraisemblables, mais après tout, qu’importe : qui peut espérer qu’un scénario pareil s’encombre d’une volonté maniaque de réalisme (voire la manière ubuesque dont est éjectée de l’intrigue la section des forces spéciales chargée de protéger la Présidente) ?

Être fun, ce n’est pas si facile

G20 : quand la Présidente bande les muscles

G20 porte en étendard sa volonté de livrer un divertissement linéaire, basique et rythmé. Mais malgré une actrice principale – également coproductrice – prestigieuse dévouée à sa tâche, malgré des moyens qui autorisent quelques passages spectaculaires comme l’attaque d’une voiture présidentielle blindée (surnommée, pour de vrai, « La Bête ») à coups de roquettes, Patricia Riggen ne sait visiblement pas quoi faire de ce projet qui sent surtout la précipitation et la flemmardise à tous les étages. L’écriture des personnages comme de leurs dialogues est aux abonnés absents dans G20. Le scénario est plus percé de trous béants qu’un gilet pare-balles de mercenaires, sans parler des rares punchlines humoristiques censées nous dérider ou des références opportunistes aux films Marvel. Tout est fonctionnel, prévisible, couru d’avance. Ce n’est pas assez caricatural pour être drôle, pas assez brutal pour être marquant, et surtout pas assez compétent pour être vraiment fun. Le résultat est heureusement moins réac’ que la trilogie des « Chute » avec Gerard Butler, mais ça n’en fait pas pour autant une nouveauté recommandable.