Jimmy & Stiggs : quand le trip (s’)épuise par ses excès

par | 29 octobre 2025

Jimmy & Stiggs : quand le trip (s’)épuise par ses excès

Bad trip aux couleurs criardes de deux amis défoncés face à de méchants aliens, Jimmy & Stiggs fatigue à force de confondre vacarme et intensité.

Faisant parti des ovnis de la sélection Halloween 2025 de Shadowz, Jimmy & Stiggs s’annonce sur le papier comme un pur délire de série B, visuellement très agressif. Jimmy Lang, un cinéaste en pleine descente aux enfers et persuadé d’être attaqué par des extraterrestres qui l’ont déjà enlevé, appelle à la rescousse son meilleur ami Stiggs Randolph, avec qui il est en froid. Une situation aussi absurde qu’ouverte à toutes les excentricités, qui au vu du CV de son réalisateur Joe Begos (VFW, Christmas Bloody Christmas) promettait un chaos réjouissant naviguant entre paranoïa, bromance dégradée et invasion de petits hommes verts passée au filtre fluo.

Malheureusement, malgré sa très courte durée, le film tourne vite en rond. Les situations s’enchaînent, souvent similaires et donnent la désagréable impression d’un concept étiré jusqu’à la corde. Là où Jimmy & Stiggs aurait pu creuser la folie progressive de son protagoniste ou le rapport d’amitié brisé entre les deux hommes il a préféré faire l’erreur de s’enfermer dans une succession de séquences bruyantes où tout semble se répéter.

Liberté de ton et surenchère fatale

Jimmy & Stiggs : quand le trip (s’)épuise par ses excès

Les personnages peinent à susciter le moindre intérêt tant ils semblent être des caricatures sur pattes. Il est difficile de se passionner pour des mésaventures qui s’approchent plus d’une compétition de jurons que d’un réel parcours narratif. On a parfois l’impression que Jimmy & Stiggs confond intensité et vacarme, comme si crier « fuck » toutes les cinq secondes suffisait à masquer l’absence de propos, voire d’idées. Joe Begos à la fois derrière la caméra et devant dans le rôle principal, aux côtés de Matt Mercer, assume pleinement le côté jusqu’au-boutiste de son trip sous substances. Impossible de lui reprocher son engagement ou sa sincérité, ainsi que sa posture de défenseur d’un cinéma underground extrême et sans compromis. Mais l’intérêt pour son nouveau méfait s’émousse bien trop vite. La surenchère finit par étouffer toute tension et l’ensemble devient plus fatiguant qu’hypnotique.

« Jimmy & Stiggs se veut une expérience, mais finit par ressembler
à un exercice de style étiré et un peu vain. »

Reste une générosité indéniable dans les effets spéciaux, d’autant plus remarquable au vu du budget microscopique – il a fallu quatre ans pour boucler le film, tourné dans la propre maison du cinéaste. Begos sait manier le gore bien crasseux, avec un vrai sens de la texture et de l’ambiance. La bande-son nerveuse et viscérale est un soutien parfait pour ce maelstrom sensoriel et donne au film son identité. C’est d’ailleurs là que Jimmy & Stiggs brille le plus : dans son audace formelle et sa liberté totale de ton. Mais au-delà de cette virtuosité artisanale de surface, le long-métrage ne parvient pas à faire battre un vrai cœur. Jimmy & Stiggs se veut une expérience, un bad trip cinématographique, mais finit par ressembler à un exercice de style étiré et un peu vain. Une œuvre qui aurait gagné à être plus courte et resserrée, pour que son énergie punk garde son impact. Reste un objet curieux, franc et généreux, mais trop piégé par ses propres excès pour réellement marquer.