Lola : deux sœurs et d’infinis futurs

par | 25 mars 2025 | À LA UNE, Critiques, VOD/SVOD

Lola : deux sœurs et d’infinis futurs

Mélange de found footage en costumes et de SF expérimentale, Lola fait preuve d’originalité pour renouveler le concept de paradoxes temporels au cinéma.

Une cachette de bobines de films en noir et blanc tournés en 1941 a été retrouvée en 2021 dans le grenier d’une maison. Ce principe narratif a un nom en anglais : found footage. Pas d’épouvante à petit budget pourtant dans ce Lola, long-métrage d’Andrew Legge qui va se faire un plaisir, dès les premières minutes de jouer avec la forme et la musique. L’immersion dans ce film de 2022, tourné en noir et blanc, est complète, avec un travail poussé sur le grain de l’image et ses formats (imitation de pellicule, reportages d’époque détournés) et le son parfois parasité. Deux sœurs anglaises et orphelines, Mars (Stefanie Martini) et Thom (Emma Appleton, vue dans The Witcher), ont créé une machine baptisée LOLA. Le film ne nous en dira pas beaucoup plus sur elles, mais se concentre beaucoup sur cette machine pas comme les autres qui permet de voir le futur.

Une machine pour changer la face du monde

Lola : deux sœurs et d’infinis futurs

La machine semble évidemment révolutionnaire, car elle permet de découvrir des clips du futur, dont ceux de David Bowie ; ce qu’elles vont faire régulièrement, mais il est aussi possible d’obtenir les résultats de futurs paris sportifs et de gagner de l’argent. Loin d’être cupides, les sœurs s’en servent également pour tenter de faire tomber le régime nazi et Hitler. Elles informent des lieux et horaires des bombardements sous l’identité de l’Ange de Portobello, que l’armée tente d’identifier, en vain. Les deux sœurs sont assez futées. Mais un homme, Sebastian (Rory Fleck-Byrne), arrive à remonter leur piste, ce qui engendre un tas de scénarios alternatifs possibles et une scène assez drôle durant laquelle elles prennent un bain et rient à propos de leurs futurs respectifs. 

« Le simple principe de ce film unique sur bien des aspects fait que son issue ne fait aucun doute. »

Tous les trois écoutent à la radio via LOLA, les informations du lendemain. Sebastian doit vérifier les codes émetteurs pour être sûre de l’exactitude des informations données et transmises à l’armée anglaise. Ces personnages pensent bien faire, mais nous sommes bien dans une histoire de paradoxes temporels. Et cette manie de faire des allers-retours dans le temps avec LOLA a ses conséquences : David Bowie a disparu ! C’est Reginald Watson qui squatte le top musical de l’année 1973. Lola reprend à son compte le principe de l’effet papillon où « une variation de l’état initial entraîne des conséquences sur plusieurs phénomènes qui dépendent de cet état initial ». Mars est inquiète alors que Thom est plus terre-à-terre face à ce problème et préfère se dire qu’elles ont sauvé de nombreuses vies grâce à LOLA.

Andrew Legge se questionne, nous questionne sur le fait de savoir si certaines vies valent plus que d’autres. Notamment quand Mars et Sebastian jouent aux échecs avec LOLA, et déclenchent un désastre qui entraîne de nombreuses pertes humaines durant la guerre. Le simple principe de ce film unique sur bien des aspects fait que son issue ne fait aucun doute : ennuis et erreurs s’accumulent, les deux sœurs voulant aider l’armée anglaise menée par Winston Churchill avant que cet altruisme se retourne contre elles et ne les éloigne l’une de l’autre. Les archives de guerre détournées apportent un réalisme brut à cette histoire très originale, malgré certaines scènes qui tirent en longueur – malgré la courte durée du film – notamment pendant son dernier acte.