Loups-garous : cherchez la grosse bête
Comédie fantastique utilisant le lycanthrope comme un jeu de piste, Loups-Garous est aussi pantouflard que divertissant.
Il faut d’emblée répondre à l’inévitable confusion qui s’empare du spectateur découvrant Loups-garous sur la base de son titre ô combien direct et sans ambiguïté : non, le film de Josh Ruben n’est pas une adaptation littérale du jeu de société Les loups-garous de Thiercelieux… La preuve, le long-métrage s’ouvre le logo de la société de jeu vidéo Ubisoft : il s’agit en fait de la version cinématographique de leur titre VR Werewolves Within, sorte de jeu de piste immersif où vous deviez démasquer le loup-garou parmi les membres d’un village médiéval. Oui, effectivement, c’est la même chose que dans le jeu de société, mais personne n’a dit que ça n’avait rien à voir non plus !
Bref, dans cette adaptation concoctée par la scénariste Mishna Wolff (sérieusement ?!), l’action se déroule de nos jours, dans la petite ville forestière de Beaverfield. Un bled paumé où débarque pour sa nouvelle mission le ranger Finn Wheeler (irrésistible Sam Richardson, l’un des piliers de Veep et ici co-producteur), qui ne tarde pas à faire la connaissance de ses excentriques habitants, guidé par la charmante postière Cecily (Mylana Vayntrub). Déjà divisés sur le sujet d’une possible construction de gazoduc traversant le village, ces derniers doivent en plus faire face à des attaques mortelles et sauvages. Retranchés dans l’auberge locale à la faveur d’une tempête, Finn et ses concitoyens vont vite se retrouver devant l’évidente réalité : un loup-garou se cache parmi eux, et il va falloir le trouver avant que tout le monde soit croqué…
Un mystère au poil
Avec son petit budget et son casting ramassé, Loups-Garous propose donc une aventure fantastique loin de la débauche d’effets spéciaux farcie d’une armée de lycanthropes numériques à la Underworld. Fidèle à la commande initiale, le film s’affiche plutôt comme un whodunit nocturne abusant de stratagèmes faciles pour regrouper tous ses personnages dans un salon éclairé à la bougie, tentant de débusquer le loup-garou / meurtrier qui se tapit à visage découvert parmi eux. Dans ce contexte, la figure bestiale bien connue est presque secondaire, car c’est bien sur ses personnages hauts en couleur que le film se repose. Adepte de l’humour pince-sans-rire, Josh Ruben, qui avait fait ses armes avec l’exercice de style narratif Scare Me (où les héros inventaient d’ailleurs en direct une histoire de loup-garou), est ici comme un poisson dans l’eau. Il délaisse volontiers la tension angoissante qu’un tel mystère pourrait créer, si traité sérieusement, pour adopter l’ambiance d’une comédie fantastique se transformant petit à petit en jeu de massacre caustique. Loin d’être des stéréotypes sur patte, même s’ils restent sommairement présentés, les personnages de Loups-Garous témoignent d’une étrange excentricité et d’un égoïsme latent, mesquin, qui les rend tous susceptibles d’être la bête en question.
« Un whodunit nocturne où les personnages tentent de débusquer le loup-garou / meurtrier qui se tapit à visage découvert parmi eux. »
Ce sont eux qui maintiennent longtemps intact le suspense et permettent à Loups-Garous de garder ce côté agréable, surprenant, alors même que les décors et les rebondissements, voire même les morts brutales de certains d’entre eux, conservent un côté familier, déjà vu mille fois ailleurs. S’il se conclut dans une avalanche de bagarres et de révélations, le film possède un vrai problème de rythme dans son premier tiers dédié aux scènes d’exposition, lorsqu’il tente d’emballer quelques charmantes scènes de screwball comedy traduisant l’idylle naissante entre Richardson et Vayntrub (dont l’alchimie est heureusement palpable). L’action met donc du temps à démarrer et les loups-garous sont rares (et plutôt moches) dans ce pas si mal nommé Loups-Garous, mais l’honneur du sous-genre est sauf.