Dans une industrie qui préfère désormais envisager ses nouvelles franchises (par exemple quand elles sont adaptées d’une série de best-seller littéraires) comme des sagas en plusieurs épisodes, transformant des longs-métrages censément indépendants en chapitres feuilletonnants, la série des Fast & Furious vient rappeler qu’une véritable saga cinématographique se construit d’abord, avant tout, en réaction à chaque film qui le précède. Dans le cas des aventures de Brian O’Conner et Domini Toretto, le succès du premier opus en 2001, véritable pillage en règle de Point Break déplacé dans le milieu des courses illégales et du tuning abusif, a entrainé une première (et déplorable) séquelle abandonnant pour un temps le personnage de Toretto. C’était l’époque où Vin Diesel voyait son avenir ailleurs que dans les divertissements conçus pour lui par le producteur Neal H.Mortiz.

Dix ans ont passé, et beaucoup de choses ont changé dans « l’univers » Fast & Furious, sorti de l’anonymat dans lequel l’avait plongé le quasi spin-off FF3 : Tokyo Drift grâce au retour d’un Diesel désormais conscient qu’il s’agissait là de SA franchise la plus marquante avec Riddick. Grâce, aussi, à l’enthousiasme débordant de « l’auteur » de Tokyo Drift, Justin Lin, réalisateur de Fast Five et de ce nouveau et bien-nommé Fast & Furious 6.

Ocean’s 006 (et bientôt 7)

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De l’aveu même des producteurs d’Universal, les « Fast » ont désormais quitté la sphère méga-beauf des courses pimpées et des babes filmées dans les reflets de pots d’échappement (Need for speed sera bientôt là pour prendre cette relève), pour aborder le terrain autrement plus excitant du gros film d’action détendu des pieds, quelque part entre James Bond, Expendables et Ocean’s Eleven. Le remuant et spectaculaire Fast Five avait marqué les esprits et le box-office : on retrouve donc intacte la même équipe dans ce trailer de 3,22 ( !) minutes, surfant sur le buzz du Superbowl, et qui place assez haute la barre du portnawak à tendance destructrice, avec des tanks en pleine course sur l’autoroute, un avion cargo éventré par des voitures de course…

[quote_center] »Dix ans ont passé, et beaucoup de choses ont changé dans « l’univers » Fast & Furious. »[/quote_center]

Au rayon des nouveautés, un méchant tout frais, bien sûr, incarné par un Luke Evans portant superbement bien la moustache (un galop d’essai avant de porter le carquois de Bard dans Le Hobbit ?), une badass girl incarnée par nulle autre que Gina « Soderbergh m’a révélé » Carano, et qui devrait se friter lors d’une séquence d’anthologie avec la revenante Michelle Rodriguez (elle n’en finit pas de revenir, d’ailleurs, celle-là. Rodriguez est basiquement en train de cloner sa carrière). Last but not least, le véloce Joe Taslim, qui secondait avec fougue Iko Uwais dans The Raid, sera le « bad guy agile » d’usage. Dwayne Johnson rempile, tout comme Paul Walker, désormais relégué comme toutes les autres figures du « FF-verse » au rang de pilote/figurant servant la soupe à une star/producteur désormais toute puissante. Mais après tout, qu’importe : comme avec la bande à Stallone, c’est moins pour le QI additionné de ses héros que pour le quota de tôle froissée qu’on vient admirer les exubérances de la bande à Moretto. Justin Lin, qui est un peu le David Yates de la saga, a déjà le feu vert pour un septième épisode qui devrait faire office de conclusion à ce sixième opus prévu pour le 22 mai. Ah là là. On y revient donc encore : cette manie du feuilletonnant sur grand écran. Bon qu’importe : il y a un tank. À grande vitesse.