The Shift : l’ambulance en péril
Un kakimaze prend en otage une ambulance dans le huis clos roulant The Shift. Tendu, mais pas transcendant.
Bien qu’il se soit un petit peu éloigné de nos consciences ces dernières années, le spectre des attentats terroristes est toujours présent en Europe. Il ne tient qu’à la fiction de réanimer cette affreuse et tangible réalité pour secouer le spectateur, et c’est précisément ce que fait, dès les premières minutes The Shift. Co-production belgo-italienne, qui a eu l’honneur de faire l’ouverture (virtuelle) du dernier BIFFF, le film d’Alessandro Tonda s’ouvre avec des coups de feu et une explosion déchirant le calme matinal de la ville de Bruxelles. Deux kamikazes ont pénétré dans une école et se sont mis à tirer sur toutes les victimes innocentes qu’ils croisaient. Puis une bombe explose, et tout se brouille. Les secours et la police débarquent en masse sur les lieux pour prendre en charge les blessés. Infirmiers en fin de service, Isabelle (Clotilde Hesme) et Adamo (Adamo Dionisi) prennent en charge un jeune homme en sang et l’embarquent illico en ambulance. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que celui-ci est l’un des kamikazes et qu’il porte encore sa ceinture d’explosifs…
Un faux huis clos qui tourne en rond
Le temps dira si l’efficacité imparable du pitch de The Shift attire les chercheurs d’idées d’Hollywood (à dire vrai, Michael Bay s’est déjà emparé d’une histoire similaire avec le futur Ambulance, déjà le remake d’un film européen). La première demi-heure de The Shift, qui retranscrit frénétiquement caméra à l’épaule le chaos et la confusion de la situation est entraînante, même si le personnage d’Adamo, qui se distingue surtout par ses répliques incompréhensibles, peine à vraiment passionner. L’effroi puis la tension découle de cet antagonisme terrible (mettre en péril des secouristes par définition liés par leur devoir de soin, à cause d’un homme désirant mourir et faire le plus de victimes possible), que décuple le cadre exigu de l’ambulance.
« Rapidement, The Shift n’a pas grand-chose de plus à proposer. »
Et puis lentement, mais sûrement, cette mécanique rudimentaire, mais éprouvée s’enraye. Rapidement, The Shift n’a pas grand-chose de plus à proposer qu’un duel psychologique d’usure entre Isabelle, héroïne avant tout définie par sa fonction, et Youssef (Mostafa Benkerroum), kamikaze inconscient saisi de doutes (il n’a pas fait sauter sa ceinture dans l’école) et malgré tout déterminé. Comme l’ambulance dévalant les rues de Bruxelles, l’intrigue tourne en rond, Tonda prenant la peine de suivre en parallèle l’enquête des forces de l’ordre, qui remontent la trace du réseau terroriste à l’origine de l’attentat. Mais The Shift n’est pas 24h chrono, et ces scènes parfaitement accessoires diluent nettement la tension installée par ailleurs dans l’ambulance. Le film ne transcende jamais son idée de départ, cumulant les approximations et les à-côtés peu passionnants plutôt que les rebondissements attendus, avant une conclusion anti-climatique au possible.