We have a ghost : mon ami le fantôme
À mi-chemin entre Casper et Beetlejuice, la comédie fantastique We have a ghost peine à surprendre et à trouver son identité.
Auteur de plusieurs films fantastiques au concept efficace (Happy Birth Dead et sa suite, Freaky), Christopher Landon donne une tournure bien plus familiale à sa nouvelle production, We have a ghost, dont le ton général oscille globalement entre le téléfilm de Noël et l’hommage énamouré au studio Amblin. Adapté d’une nouvelle (et ça se sent, tant les 2 heures de métrage sentent le scénario étiré au-delà du raisonnable), le film conte l’histoire de Kevin (Jahi Di’Allo Winston), ado noir qui s’installe avec sa famille dans une maison que tout le quartier sait hantée, sauf ses nouveaux propriétaires. Pénétrant dans le grenier (aux allures de grange absurdement grande), Kevin tombe nez à nez avec Ernest (David Harbour, qui espérons-le n’a pas choisi lui-même sa coupe de cheveux), un spectre translucide avec une chemise de bowling qui le fait rire plus qu’il ne l’effraie. Immortalisés en vidéo, Ernest et la famille de Kevin deviennent des stars des réseaux sociaux, au grand bonheur d’un paternel opportuniste (Anthony Mackie). Mais la popularité du fantôme attire bien vite l’attention de la CIA. Pour qu’il trouve la paix, Kevin doit pendant ce temps trouver qui a tué Ernest, plusieurs décennies auparavant…
Hantée, oui, et alors ?
Avec ses références portées fièrement en étendard, quand elles ne sont pas citées dans les dialogues (Beetlejuice, SOS Fantômes, Casper ou encore le Frighteners de Peter Jackson), sa drôle de mise en boîte de l’emballement systématique des réseaux sociaux en matière de vidéo virale, We have a ghost tente, et réussit pendant un temps, d’être un divertissement familial gentiment horrifique. Sans être extraordinaires, les scènes établissant la dynamique de la famille de Kevin s’avèrent réussies, et certaines idées (la scène d’ouverture, le faux montage Tik Tok) font mouche, cette première partie culminant avec l’apparition d’une medium d’opérette (Jennifer Coolidge, mise à toutes les sauces en ce moment) assistant à un numéro exagéré de décomposition d’Ernest dont Tim Burton aurait été fier.
« Christopher Landon perd le fil de son récit et le spectateur avec. »
C’est en voulant donner à son sympathique petit récit post-gothique, assorti d’une réflexion sur la difficile période de la préadolescence, des allures de road movie SF pimenté d’action, que Landon perd le fil de son récit et le spectateur avec. Les bonnes idées se font plus rares, les péripéties gratuites, les mimiques d’Ernest (que le scénario rend muet alors qu’il peut geindre et grogner, ce qui est… bizarre, mais après tout c’est un spectre) tournent au pantomime, et les personnages annexes s’accumulent sans être décisifs. La scientifique de la CIA, faussement méchante, jouée par Tig Notaro en particulier, est un personnage incohérent et affreusement écrit. De l’enfance de Winston, l’intérêt du script bascule vers Ernest mais le mystère entourant sa mort se révèle confus et inintéressant. We have a ghost oublie en cours de route ce qui le rendait vaguement réussi pour se vautrer scène après scène dans le sentimentalisme inoffensif et les leçons de vie attendues d’avance. Le résultat risque ainsi de s’effacer progressivement de nos mémoires de la même manière que cet ectoplasme mal peigné d’Ernest.