Comme Robin Pront l’avoue lui-même, le cinéma flamand est un petit univers, dans lequel tout le monde se connaît et se soutient plus ou moins. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que pour son premier long-métrage, le cinéaste a été « parrainé » par deux des producteurs de Bullhead, qui avait révélé en son temps le jeunot Michael Roskam. Armé de cette même insouciance et envie de se démarquer, Pront nous livrera donc le 13 avril Les Ardennes, un film noir qui se promène aussi sur les terres du drame social délétère. Un film sous influence (Nicolas Winding Refn, un soupçon de Michael Mann), certes, mais qui possède une grande force de caractère et un script solide.
À l’occasion d’une avant-première parisienne du film, qui est également en compétition officielle « Sang Neuf » au festival du film policier de Beaune, nous avons assisté à la rencontre entre Robin Pront et le public français. Morceaux choisis !
Comment en êtes-vous venu à adapter ce qui au départ est une pièce de theâtre ?
Lorsque j’étudiais encore le cinéma, Jeroen Perceval, qui incarne également le personnage principal, m’a montré cette pièce et m’a demandé si je voulais l’adapter et j’ai tout de suite dit oui. Au départ, Michael R. Roskam (réalisateur de Bullhead, ndlr) devait le réaliser, mais il est parti aux États-Unis pour les besoins du film Quand vient la nuit. Il y a quatre ans, j’ai donc commencé à travailler le script.
En voyant le film, on ne peut s’empêcher de penser à Blood Ties, de Guillaume Canet (basé lui-même sur le film Les liens du sang), dans sa manière de décrire la relation entre deux frères aux valeurs opposées.
Je l’ai vu, effectivement, et il parle également de deux frères. Mais pour être honnête, je ne m’en suis pas particulièrement inspiré pour Les Ardennes.
Comment avez-vous travaillé avec vos acteurs ?
Ces acteurs sont très célèbres en Belgique Flamande. Tout le travail du réalisateur réside dans la capacité à leur faire abandonner le statut de stars pour qu’ils soient le plus naturels possible, qu’ils disparaissent derrière leur rôle, et c’est ce que j’ai essayé de faire.
Comment avez-vous abordé votre adaptation de la pièce au cinéma ?
J’ai passé de nombreuses années à développer cette adaptation. En fait, au départ, la pièce se composait uniquement d’une scène avec trois personnages qui vont enterrer un cadavre et qui parlent de leurs êtres chers. Je suis parti de cette scène-là, et j’ai développé petit à petit toute l’histoire de leur vie.
Avez-vous hésité sur le sort final réservé au héros ?
Oui, et d’ailleurs ce sont les cinq dernières minutes de cette histoire, où tout se joue, qui m’ont motivé pour ce film. Elles révèlent finalement la vraie personnalité de chacun des personnages.
Pensez-vous collaborer à nouveau un jour avec Matthias Schoenaerts (ndlr : le réalisateur l’a dirigé en 2012 dans le court-métrage Injury Time) ?
Pour tout vous dire, le rôle de Kenneth était destiné à Matthias ! Mais trois mois avant le début, il a quitté le projet pour partir tourner Maryland avec Diane Kruger et Kevin Janssens a pris sa place au pied levé.
Quels sont vos projets ?
J’avais mis un projet en attente pour faire le film. Au départ, il devait s’agir d’une série, mais le projet va finalement prendre la forme d’un long-métrage. Il s’agit de raconter l’ascension et la chute d’une célèbre boîte de nuit à Anvers. Pour vous donner une idée, imaginez la rencontre improbable entre le Casino de Martin Scorsese et le Boogie Nights de Paul Thomas Anderson au pays d’Hergé !
Crédits photos : Diaphana Distribution