Une sincère curiosité a poussé notre rédaction à répondre à l’invitation de la société Pickup et à leur séances de VR Cinéma. La réalité virtuelle n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements en France, commercialement parlant. Si quelques casques sont disponibles à la vente pour le grand public, leur prix de vente, et l’installation nécessaire pour en profiter, restent prohibitifs. Les grandes sociétés de production comme les poids lourds de la distribution sont prêts à se lancer dans l’aventure, mais le procédé est encore loin d’être démocratisé. Certaines expériences attrayantes comme celle de Sony, qui proposait en séance privée de marcher sur le fil de The Walk comme Joseph Gordon-Levitt, au-dessus du ciel de Manhattan, montrent bien l’étendue des possibilités cinématographiquement immersives offertes par cette nouvelle technologie.
Le début d’une nouvelle ère ?
« Nous venons du monde de la distribution traditionnelle. Il y a un an et demi, nous avons découvert les films en VR et nous avons pris une énorme claque », explique Hadrien Lanvin, co-fondateur de Pickup. En 2014, il a fondé cette société aux côtés de Brice Rocton et de Camille Lopato. « Nous vous proposons, dans cette salle, d’être précurseur des nouveautés et des plus beaux films que nous pouvons trouver dans les événements liés à la VR dans le monde, avec à la clé quelques belles exclusivités. » La première impression face à cette première salle en réalité virtuelle française est surtout qu’elle ne ressemble en rien à ce que nous pouvions imaginer. Située dans le 11e arrondissement de Paris, près du métro Fille du Calvaire, cet ancien local commercial en mezzanine peut accueillir 16 spectateurs.
La « salle », blanche du sol au plafond, fait face à une vitrine donnant sur la rue ne cachant aucunement se qui se trame à l’intérieur. Les fauteuils, extrêmement confortables, permettent de tourner à 360 ° dans le décor. « Il y a de multiples manières de voir des films en VR, commente Hadrien Lanvin. Nous avons essayé de construire une véritable expérience à travers le choix des films et un endroit privilégié. La projection en simultané déclenche chez les gens des besoins de communiquer. Nous avons par exemple observé un couple se tenant la main durant la séance frisson. » C’est une fois le casque sur les oreilles et sur le nez, prêts à entrer dans un tout nouvel univers, que nous réalisons à quel point notre bonne vieille « salle obscure » vient, tout à coup, de prendre un sérieux coup de vieux.
Picorer dans tous les genres
Le Pickup VR Cinéma proposera dès la mi-mai, une sélection de quatre à cinq films courts projetés par séances d’environ 35 minutes, à raison de 15 € la place. « Nous utilisons aujourd’hui le matériel le plus abouti pour des séances de ce type, souligne Hadrien Lanvin, dans un mode stand alone, c’est-à-dire que vous n’êtes pas reliés à un ordinateur. » Chaque séance débute en simultané sur l’ensemble des casques de la salle. Nous avons donc pu découvrir quatre films, chacun d’un style différent. Le premier, LoVR, séduira les amateurs d’expérimentations. Il illustre les multiples réactions chimiques qui se produisent dans le cerveau lorsqu’un coup de foudre se produit entre deux êtres. Le deuxième, The Arc, est un documentaire de sensibilisation, sur les quatre rhinocéros blancs qui subsistent encore sur la planète. Le film passe d’un laboratoire à la savane en laissant les intervenants expliquer les enjeux de leur préservation. Entièrement en anglais, le programme, particulièrement bavard, perdra sans doute en route beaucoup de monde. Hadrien Lanvin le déplore : « vous savez, tous les films actuellement produits pour la VR, même les Français (particulièrement créatifs dans ce domaine) sont en anglais, bien que certains sont sous-titrés. Nous avons tenté d’insérer des sous-titres, mais malheureusement nous avons constaté que cela nuisait au confort de visionnage. Attendons donc un peu pour voir apparaître des films dans la langue de Molière. »
[quote_left] »Notre bonne vieille «salle obscure» vient, tout à coup, de prendre un sérieux coup de vieux. »[/quote_left] Heureusement, la majorité des court-métrages présentés lors de cette séance se montrent particulièrement avares en dialogues. Le troisième, et sans doute le plus beau film de la projection, s’appelle Sonar. Présenté au Festival de Sundance cette année, il fait le lien entre le cinéma traditionnel et l’expérience interactive. Nous sommes aux commandes d’une navette spatiale qui explore les profondeurs d’un astéroïde et y découvre un monde horrifique proche d’Alien. Killer Deal clôt cette séance décidément très variée. Ian Ziering (Beverly Hills) campe un homme pris au piège dans un hôtel miteux par un mystérieux monstre caché dans le placard. Dans l’esprit de Sharknado, dont l’acteur est la star (le réalisateur est le même), ce pastiche rigolo a le mérite de montrer l’efficacité redoutable et le potentiel terrifiant des jumpscares en réalité virtuelle.
Contrairement à une projection en 3D, l’expérience s’avère très agréable, quoique légèrement gênante pour les porteurs de lunettes à montures épaisses (comme cela est notre cas). La qualité d’image se montre légèrement perfectible mais constante. Le Pickup VR Cinéma peut encore apporter quelques améliorations à son dispositif, comme la possibilité de régler soi-même le son du casque, ou à peaufiner sa sélection artistique, peut-être en fonction du public, son offre constitue une excellente manière de découvrir et de se faire une idée sur la réalité virtuelle et ses promesses. Les plus accros prendront plaisir à retourner de temps en temps profiter des dernières découvertes d’une équipe passionnée et avisée. Pour le moment « l’expérience collective » se limite (et c’est déjà pas mal) au visionnage à 360°, « mais il n’est pas exclu, pour nous, de proposer à l’avenir une expérience plus interactive, qui permette d’interagir vraiment sur l’environnement virtuel ». Une idée déjà dans les tuyaux chez les développeurs de jeux vidéo, Sony ayant par exemple annoncé la sortie de nombreux titres utilisant pleinement les fonctionnalités de son Playstation VR (un casque dont le prix est équivalent à celui d’une PS4, sans la console indispensable fournie avec).
[text title= »Deux questions à Brice Rocton, cofondateur de Pickup »]
Pourquoi les films en VR sont-ils si courts ?
Parce que pour le moment, le programme le plus long que nous ayons dure 30 minutes. Nous sommes encore dans une phase pionnière du secteur ou les artistes expérimentent encore. Un film en VR coûte cher. Il faut compter environ le prix d’une voiture. De la 205 à la Ferrari : tout dépend de ce qu’on veut mettre en place ! Plusieurs GoPro sur pied permettent déjà de faire des images à 360 °, mais évidemment cela multiplie les coûts par trois, voire quatre, par rapport à la production d’un film classique. Nous avons fait des séances de tests au préalable et les retours que nous avons sont qu’une personne sur deux considère que la durée est idéale. Les gens aujourd’hui sont prêts à voir des films de cette durée et cela est moins évident qu’ils le soient sur une durée plus longue.
La qualité de l’image n’est pas encore parfaite…
Tout d’abord, la perception à 360 degrés crée un effet de flou parfaitement normal. Les films deviennent de plus en plus beaux. Mais nous sommes encore au stade de l’expérimentation, donc, il est vrai que certains films pixellisent. Bien qu’il y soit la possibilité de régler la netteté, nous sommes encore loin de la HD des téléviseurs. [/text]
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Ouverture le 19 mai 2016
15 € la séance 4 à 5 films
113, rue de Turenne
75 003 Paris
Plus d’info : pickupvrcinema.com
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Merci à l’équipe de Pickup VR Cinéma