Time Lapse : futur à domicile
Et si vous pouviez connaître l’avenir grâce à des Polaroïds ? Time Lapse explore cette étrange idée de SF dans un huis-clos malin digne de La Quatrième Dimension.
Dans Time Lapse, le couple Callie / Finn et leur pote Jasper, trois colocataires un peu désœuvrés, voient leur vie changer quand ils tombent, dans l’appartement d’un scientifique mort brutalement (incarné par le fantôme de John Rhys-Davies, uniquement présent dans une scène coupée), sur une invention fantastique : un appareil photographique capable de prendre un polaroïd des événements censés se dérouler 24 heures plus tard. Les trois compères, qui deviennent rapidement accros à ces instantanés du futur, tentent de profiter de cette opportunité en calquant leurs vies sur les détails fournis par cette fenêtre sur leur futur, tout en prenant quelques arrangements avec la morale pour améliorer leur quotidien. Mais l’avidité de chacun d’entre eux va vite faire dérailler leurs projets…
Images et conséquences
Sur ce pitch de base que l’on pourrait qualifier de « serlingien » (impossible de ne pas penser à un postulat d’épisode de La Quatrième Dimension), Time Lapse, première réalisation de Bradley King aidé au scénario par son compère B.P. Cooper, s’inscrit parmi les bonnes surprises du genre de la science-fiction lo-fi. Si cette histoire de paradoxe temporel n’atteint pas les sommets du Time Crimes de Nacho Vigalondo ou de Safety Not Guaranteed de Colin Trevorrow, l’enchaînement des péripéties orchestré par Time Lapse fonctionne, avec une évolution des personnages qui tient la route, malgré quelques deus ex machina attendus. Surtout, le film, qui ne quitte jamais le petit quartier dans lequel vivent ses trois héros, évite le piège du huis-clos empesé et du paradoxe temporel qui se mord la queue, en nous tenant en haleine avec cette idée simple : comment susciter la surprise lorsque presque tout est connu à l’avance ?
C’est l’élément fantastique qui sert ici de révélateur des frustrations et petits secrets de personnages moins sympathiques qu’ils n’en ont l’air. Les surprises et retournements de situation s’enchaînent au fur et à mesure que des facettes inattendues et tragiques de chaque membre du trio se révèlent. S’il est à regretter quelques scories, surtout au niveau des personnages secondaires, ou de la surabondance de dialogues, destinés, on s’en doute, à gonfler la durée d’un métrage qui aurait pu être plus concis, Time Lapsen’en reste pas moins une série B modeste et maligne. Un film qui a la bonne idée de se conclure sur une pirouette noire et sarcastique, bouclant parfaitement ce voyage temporel faussement statique.