Une famille sur le ring : feel good catcheuse
Biopic sportif assez conventionnel, Une famille sur le ring se détache de la mêlée par son côté incongru, et les performances d’un casting plus attachant que la moyenne.
D’un film produit par WWE Studios inspiré de l’histoire vraie d’une catcheuse anglaise issue de la banlieue ouvrière, qui finit par devenir une star… de la WWE (World Wresting Entertainement), nous n’en attendons a priori pas grand-chose. La filiale cinéma de la célèbre fédé de catch US, qui permet notamment de faire passer ses stars maison du petit au grand écran, n’a pas forcément un pédigrée flatteur. Entre la mongoloïde saga patriotique The Marine (déjà six longs-métrages !), les DTV calibrés pour Noël ou des ratages comme Naissance d’un dragon ou Incarnate, le studio ne brille pas par ses instincts artistiques. Sans nous faire trembler d’émotion, Une famille sur le ring parvient toutefois à briser, un peu, le moule du biopic sportif à l’américaine. Peut-être parce qu’il a un pied de chaque côté de l’Atlantique, et peut s’appuyer sur un casting uniformément convaincant et attachant.
Une famille sur le ring s’intéresse à une famille pour le moins « popu » de Grande-Bretagne, les Bevis, dont le bagout avait fait les beaux jours des programmes de télé-réalité de WWE. Les Bevis sont une famille de catcheurs, unis par l’amour du ring. « Certains ont une révélation par la religion, nous c’est le catch », résume la matriarche du clan, Julia (Lena Headey). Le père, Ricky (Nick Frost) est un repris de justice au look d’ours punk mal léché, qui a transmis l’amour de ce sport-spectacle intense à ses enfants, Saraya (Florence Pugh, Midsommar) et surtout Zak (Jack Lowden, Calibre). La petite famille fait le tour des petites salles avec ses shows bien rôdés, tandis que les jeunes pousses rêvent de vivre un jour le rêve américain au sein de la WWE. Une opportunité qui se présente un jour avec une journée de recrutement animée le coach Hutch Morgan (Vince Vaughn), en quête de nouveaux talents. Au grand dam de Zak, c’est sa sœur qui est repérée et part, seule, aux USA…
L’aaaamour du ring
Tuons le suspense tout de suite : si Une famille sur le ring, c’est parce que Saraya, alias Paige, a remporté le « championnat des Divas » en 2014 et est devenue l’une des têtes d’affiche de la WWE. Ce happy end de longue haleine, couronnement d’un parcours aussi unique que haut en couleur, est la ligne d’arrivée attendue d’un film piloté avec une désarmante simplicité par Stephen Merchant. Le comparse de Ricky Gervais sur The Office, petit génie de l’humour anglais, s’est certes assagi en signant cette production cochant avec docilité tous les marqueurs du feel good movie. Au deuxième montage musical montrant la jeune femme s’entraîner comme une diablesse pour finir par susciter le respect de toutes ses consoeurs, on sait bien que tout ça ne finira pas avec une humiliation publique et un retour morne au pays. La star invitée Dwayne Johnson vient même incarner avec humour le deux ex machina final, celui qui permet à Paige de surmonter sa peur du public et son complexe d’infériorité une fois en concurrence avec des bimbos hâbleuses et ultra sportives.
« Une famille sur le ring se montre étonnamment dur avec son héroïne. »
Cela n’empêche pas Une famille sur le ring de se montrer étonnamment dur avec son héroïne, qu’il s’agisse de la scène où Vaughn, MVP discret du film, lui assène sans ménagement ses quatre vérités en lui intimant d’abandonner tout espoir, ou qu’elle doive composer avec le ressentiment de son frère Zak. Quand le film se déroule en Angleterre, au plus près du quotidien de ce prolo dont les rêves se brisent comme une vague sur un rocher, il décolle et fait mouche, à tel point qu’on rêverait de suivre un métrage entier, façon cinéma social, sur ce personnage laissé, littéralement, sur la touche. Le fait que Pugh et Lowden développent une visible alchimie à l’écran est un plus non négligeable. C’est à vrai dire par ses comédiens, à qui Merchant semble porter un véritable amour derrière les codes du genre « Vis ton rêve jusqu’au bout » auquel il se soumet, qu’Une famille sur le ring s’arrange une petite place dans nos mémoires. Pas un grand film, certes, mais un petit plaisir positif qui fait du bien par où il passe.