N’écoute pas : devine qui vient hanter ce soir
Un film de maison hantée et de gamin flippé venu d’Espagne ? Voilà qui sent bon la redite. Et N’écoute pas n’est clairement au niveau de Bayona et cie…
Ce n’est un scoop pour personne depuis le début des années 2000 : l’Espagne est une terre plutôt fertile en ce qui concerne le fantastique. L’avènement d’une génération de réalisateurs amoureux fous du genre, et auteur de titres si mémorables qu’il n’est même pas besoin de les citer a permis au cinéma espagnol d’imprimer sa marque dans la cinéphilie mondiale. Bien entendu, avec un héritage encore si vivace dans notre esprit, difficile de se faire une place quand on est un jeune cinéaste friand de surnaturel au pays de Cervantès. Angel Gomez a en tout cas voulu tenter sa chance avec N’écoute pas, alias Voces dans sa langue natale, une production destinée à Netflix qui rejoint la longue cohorte des productions bis sorties de nulle part, mais profitant instantanément d’un petit buzz mondial grâce à la plateforme.
Cliché, vous avez dit cliché ?
Le contexte de N’écoute pas est tellement familier que l’on sourit rien qu’en l’écrivant : une petite famille, qui s’installe dans une nouvelle maison (le couple est spécialiste de la restauration-revente de belle bicoques – ce qui permet de justifier le fait qu’ils ne puissent pas en repartir ensuite), qui entend des voix, qui fait face à des phénomènes étranges… Vous connaissez la musique ? Ça tombe bien, nous aussi. Le bourru Daniel (Rodolfo Sancho) a à peine le temps de s’inquiéter des dessins chelou de son fils, de la babysitter encastrée par accident dans un arbre (joli effet gore inaugural), des voix dans le babyphone et de cette fissure sous l’escalier laissant s’échapper des mouches que l’irréparable arrive. L’horreur s’abat sur la maison, à la Amityville et La Malédiction (littéralement pillé le temps d’une séquence), et comme souvent – comme toujours, même – s’il y a des ectoplasmes dans la place, il y a des secrets à déterrer…
« Vous connaissez la musique ? Ça tombe bien, nous aussi. »
Avec sa facture télévisuelle (la photographie est malgré tout signée Pablo Rosso, chef op’ attitré de la saga Rec et de Veronica, et quelques beaux mouvements d’appareil ponctuent le film), ses jump scares scolaires, ses apparitions téléphonées et si répétitives qu’elles sentent le remplissage, ses clichés usés jusqu’à la couenne que le scénario ne s’autorise même pas à les réinterpréter, N’écoute pas ne fait pas illusion sur la longueur. Gomez emprunte visiblement à Bayona, De La Iglesia et Balaguero, sans parvenir à poser sa propre identité sur le projet, à part en s’appuyant sur une ambiance pessimiste à souhait, le film n’offrant pratiquement aucun échappatoire aux personnages, malgré la simplicité biblique de la résolution. N’écoute pas tente aussi de faire une pierre deux coups en intégrant à l’histoire un duo d’enquêteurs paranormaux, constitué un grand-père et sa fille, qu’il espère peut-être secrètement faire revenir façon Insidious, si l’on en croit la pataude scène post-générique. Un post scriptum pas très motivé, qui n’ajoute rien au bilan, pas honteux, mais guère reluisant tout de même, de cette modeste production.