Superdeep : l’horreur en profondeur (BIFFF 2021)
Une équipe de recherche découvre un Mal millénaire au fond d’une station de forage dans l’intense Superdeep, film d’horreur venu de Russie.
Lovecraft vous l’avait bien dit, John Carpenter vous l’a répété : il ne vaut mieux pas aller fouiner dans les profondeurs du cercle arctique, sous peine de réveiller un mal bien plus ancien que l’Humanité. Ou même une pyramide créée par des Predators, dans vos mauvais jours. L’Arctique, c’est mauvais pour la santé, cela n’a pas empêché l’Union Soviétique de creuser dans les années 80 le plus profond puits de forage de l’Histoire, la station Kola, dans un but scientifique : atteindre les 15 000 mètres sous terre pour étudier les phénomènes liés à la croûte terrestre. Du pain béni pour les esprits fiévreux comme pour les fans de Jules Verne, car qui sait sur quoi auraient pu tomber les scientifiques et ouvriers de ce chantier insensé ? Superdeep a une réponse toute faite pour vous : un parasite indestructible pouvant annihiler l’intégralité de l’espèce humaine.
Retour en 1984, donc, alors qu’une expédition militaro-scientifique se rend sur le site de Kola pour enquêter sur les recherches secrètes menées par le directeur de recherche local. Une maladie inconnue aurait contaminé une bonne partie de l’équipe, dont de nombreux membres ne répondent plus à l’appel, ni même aux invitations Teams. Inquiétude ! Spécialiste des vaccins taraudée par l’échec mortel de son précédent test, Anna Federova (Milena Radulovic, vue dans The Balkan Line, qui réussit bien son test « héroïne badass en débardeur à la Sarah Connor ») est dépêchée illico sur place, pour explorer l’endroit. Ce qui nécessite : 1/ de prendre plusieurs fois un ascenseur de l’enfer qui plonge tellement vite dans la roche que les passagers en finissent par léviter 2/ s’armer de courage face à un parasite rougeoyant qui transforme tous les humains en amas de bulbes vindicatifs se retournant contre le reste de l’équipe…
Une série B pas super profonde
Avec sa station labyrinthique constituée de couloirs sans fin, de salles à manger et de parades de passerelles et ascenseurs sur dégradé de béton, Superdeep, production tournée en pleine année de Covid, fait penser, encore plus que son récent camarade de jeu Sputnik, à un véritable jeu vidéo live, façon Dead Space, placé bien entendu sous le haut et encombrant patronage du mythique The Thing. Le classique de Carpenter, on le voit et on le devine partout dans cette série B qui ne s’embarrasse pas trop de mystère et de rigueur scientifique ou narrative (ou même spatiale, tant on se perd nous-mêmes dans cet étau de béton souterrain). La présence d’une héroïne pleine de ressources confrontée à un univers d’hommes bien vite dépassés par les évènements évoque aussi Alien et le cinéma de James Cameron, ce qui fait que le spectateur averti – et pas gêné par ces influences portées en étendard – se sentira vite en territoire familier.
« Superdeep finit par vaincre nos réticences à force de premier degré horrifique. »
Toutefois, aussi absurde et parfois ridicule qu’il soit (ils survivent à des randonnées sous 200° et ils tombent amoureux entre deux amputations violentes), Superdeep finit par vaincre nos réticences à force de premier degré horrifique, surtout passé un pénible ventre central où les scènes de dialogue, pas vraiment le point fort des films de genre russes, en rajoutent dans le bla-bla scientifico-patriotique (vous allez en voir, des sacrifices de soldats dans celui-là !). Les images fortes s’enchaînent plus vite que les changements de température extrêmes, les effets spéciaux prosthétiques finissent par se tailler la part du lion, à l’ancienne, débouchant sur des scènes volontiers tendues, voire impressionnantes. Rien qui ne fasse montre d’un torrent d’originalité, mais Superdeep gagne dans cette dernière et sombre ligne droite ses galons de solide film d’exploitation. Comme d’habitude, nous attendons par contre que nos camarades russes fassent montrent d’un peu plus d’idées fraîches dans leurs projets…