Le dictateur Pinochet est un vampire dans le trailer d’El Conde
Pablo Larrain (Jackie, Spencer) s’attaque à une nouvelle figure historique avec El Conde, qui fait de Pinochet un suceur de sang !
Iconoclaste n’est pas le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque le cinéma de Pablo Larraín. Le réalisateur chilien, depuis qu’il s’est révélé aux yeux de la critique avec Tony Manero en 2008, a eu une carrière prolifique, avec une série de films s’inscrivant dans l’histoire politique de son pays ou consacrés à de grandes figures du XXe siècle. Après l’excellent No, nommé aux Oscars, le trio composé de Neruda, Jackie et Spencer a fait beaucoup pour la réputation du cinéaste, abonné officieusement aux portraits de figures célèbres échappant aux conventions du biopic – le prochain sur la liste sera Maria, et retracera la vie de la cantatrice grecque Maria Callas. En attendant, Larraín fait un pas de côté étonnant avec El Conde, une œuvre en noir et blanc attendue sur Netflix qui s’attarde une nouvelle fois sur le régime dictatorial d’Augusto Pinochet (1974-1990), déjà au centre de ses films Santiago 73 – Post Mortem et No. Sauf que cette fois, il met en scène une version « fantasmée » du commandant Pinochet, qui serait en fait… un vampire vieux de 250 ans !
Le vampire et les vautours
L’idée de faire d’un dictateur resté dans l’Histoire pour ses pratiques sanguinaires et la répression brutale de toute opposition, un buveur de sang insatiable et immortel, est une idée aussi osée que brillante. En optant, comme le révèle la première bande-annonce, pour un noir et blanc charbonneux découpant la silhouette du vampire grisonnant volant sans bruit dans une nuit d’encre, Larraín s’assure d’éloigner assez le spectateur d’un quelconque réalisme historique pour accepter ce parti-pris. Dans El Conde, Pinochet est donc un vieux vampire qui compte mettre un terme à sa longue vie parce que son pays le traite de voleur (« on peut traiter un soldat de tueur, mais pas de voleur », se plaint-il). Retranché dans une masure lugubre en bord de mer, Pinochet est entouré de son clan familial, des « vautours » attirés eux aussi par l’odeur du sang à l’heure de la succession. Pinochet va toutefois retrouver une certaine vigueur, en tombant apparemment amoureux… Difficile d’en dire plus sur El Conde, si ce n’est que l’imagerie puissante convoquée par Larraín et le ton absurde original du scénario contiennent beaucoup de promesses. Le film sera présenté en septembre à la Mostra de Venise, avant d’être dévoilé sur Netflix dès le 15 septembre !