Hazard : quand Anvers passe en mode GTA

par | 10 janvier 2025 | À LA UNE, Critiques, VOD/SVOD

Hazard : quand Anvers passe en mode GTA

Le DJ star Dimitri Vegas joue un fou de tuning propulsé dans une course-poursuite à travers Anvers dans le film d’action gonzo Hazard.

Que se passe-t-il lorsque le réalisateur flamand Jonas Govaerts, clippeur reconnu et auteur entre autres du slasher chez les scouts Cub, rencontre le scénariste américain de Cheap Thrills et Mad Heidi Trent Haaga ? Pas un sommet de bon goût, non, mais un film forcément déjanté, en l’occurrence Hazard (ou H4z4rd, comme il est parfois orthographié). Un projet belge et fier de l’être, puisqu’il se déroule entièrement dans les différents coins d’Anvers, célèbre port d’attache flamand ici traversé dans tous les sens, sans aucun respect du code de la route, par son chauffeur – pardon, « pilote » – de héros, Noah et sa Lexus tunée jusqu’au bout du levier de vitesse. Un film d’action au concept familier (un gentil voyou accepte le job de trop et passe une très mauvaise journée pour sauver sa famille), mais que le duo Govaerts / Haaga dynamite par une abondance de gags très crus, une bande originale dopée à l’EDM (Electronic Dance Music pour les néophytes) et un concept imparable : Hazard est filmé quasi-intégralement depuis l’intérieur de ladite Lexus.

Kidnapping, hallucinations et destruction

Hazard : quand Anvers passe en mode GTA

Il n’y a qu’une seule chose que Noah Hazard (Dimitri « Vegas » Thivaios, célèbre DJ résident à Tomorrowland, ce qui explique l’ambiance musicale du film) aime plus que son bolide jaune, qu’il passe son temps à épousseter et améliorer : sa fille Zita et sa petite amie Lea. Enfin plus. Disons autant : le sympathique voyou ne quitte jamais son précieux véhicule et après avoir déposé sa fille à l’école, accepte logiquement de servir de pilote pour son encombrant cousin Carlos (Jeroen Perceval, Dealer), le temps d’un boulot tout simple. Un cambriolage dans une banlieue riche, accompagné d’un acolyte nazillon rencontré par Carlos en prison. Seulement, la mission tourne vite au chaos, les balles fusent et les rencontres fâcheuses s’enchaînent dans les rues d’Anvers. Bientôt, c’est la famille de Noah qui est en danger : vont-ils survivre à cette journée ? Et plus important encore, sa voiture sera-t-elle encore en un seul morceau ?

« Excès d’invraisemblances ou de gags crapoteux : rien n’est trop gonzo pour Govaerts et son scénariste. »

Tout comme son héros, Hazard n’est pas exactement une œuvre en recherche de sens profond. À l’opposé d’un Drive ou de Baby Driver, le scénario prend un malin plaisir à faire vivre un calvaire à son as du volant, que son adresse pour circuler façon Fast & Furious dans les rues étroites de la cité ne protège pas d’un destin farceur. Cousin sous trip hallucinogène, agent de sécurité auto-érotomane, baronne de la drogue impitoyable, videurs des rues chaudes impitoyables, voleurs à la sauvette ou même loup enragé : tout conspire ici à transformer la journée de Noah en enfer urbain. Même au prix d’excès d’invraisemblances ou de gags crapoteux, car rien n’est trop gonzo pour Govaerts et son scénariste. Le premier s’amuse à imaginer des tonnes d’angles et d’inserts différents, de l’intérieur d’une boîte à gants au pot d’échappement, pour filmer l’action depuis l’habitacle de la voiture. Un personnage à part entière qui subit, méthodiquement, les pires outrages jusqu’à ressembler à une épave roulante – le décalage venant du fait que tout commence pour le fétichiste Noah par un pet sur le pare-brise, et un rendez-vous sans cesse repoussé chez Carglass.

En anti-héros nonchalant et étrangement attachant, Dimitri Thivaios se révèle convaincant, dans un registre logiquement moins excessif que Perceval. Cet habitué des rôles hauts en couleur cabotine sans limites dans la peau de ce rappeur blanc pathétique et pleutre, immédiatement annonciateur de problèmes et réticent à réparer les dommages qu’il a causés. Aussi dynamique et chaotique qu’une partie de Grand Theft Auto, allant jusqu’au bout de sa logique interne – entre destruction totale et rédemption de dernière minute, Hazard remplit sa mission de divertissement motorisé, même si le résultat est à réserver aux amateurs d’humour tordu et incorrect.