Cub : dark side of the scout

par | 19 octobre 2021 | À LA UNE, Critiques, VOD/SVOD

Cub : dark side of the scout

Des scouts flamands s’installent dans une forêt où il ne fait pas bon faire un feu de camp. Pure série B, Cub exploite sans véritable punch un pitch pourtant excitant.

Lorsqu’il s’agit d’évoquer le film de genre flamand, les images qui viennent à l’esprit sont plutôt des œuvres cérébrales, esthétiquement opaques et inclassables, comme celles de Fabrice du Welz. Les séries B pensées pour un public de séance de minuit comme Cub sont déjà plus rares. Cub, ou Welp en flamand (l’équivalent de « louveteau » en français) suit les pérégrinations d’une troupe de scouts flamands, parachutés dans un coin de forêt au sud de la Belgique (chez ces « foutus français » du pays wallon, donc) pour une session de camping aventureuse. Ici, néanmoins, ce n’est pas une ambiance potache à la Scout toujours ! qui s’installe, mais un sentiment très clair de menace, les bois n’étant même pas fréquentés par les beaufs de Wallonie.

Les jeunes adultes « responsables » de la troupe, prenant plus ou moins au sérieux leurs rôles d’encadrants, s’amusent dès le départ à effrayer leurs plus juvéniles louveteaux avec des histoires effrayantes. Une créature aux allures d’enfant nommée Kai vivrait dans ces bois et s’attaquerait aux campeurs inconscients, racontent-ils. Forcément, une fois rendus dans leur tente, les chérubins ne tardent pas à avoir peur de leur ombre entre deux creusements de latrines. Seul Sam, souffre-douleur ayant un lourd passé familial à digérer, finit par s’apercevoir que la légende n’en est pas une. Il tombe sur le repaire d’un véritable enfant sauvage à la voix rauque et au visage caché derrière un masque en bois. Et Kai n’est pas la seule chose dont la tribu devrait avoir peur : un tueur bien plus imposant, adepte des pièges artisanaux, règne sur ce territoire et compte bien régler son compte à tous ceux qui y pénètrent…

La forêt de tous les dangers

Cub : dark side of the scout

Malgré un background plutôt télévisuel, Jonas Govaerts montre avec Cub une vraie disposition pour le cinéma de genre. S’il est une chose qu’on ne peut reprocher au film, c’est sa tenue visuelle : les bois maudits que sa caméra explore, de l’orée des arbres jusque dans ses tréfonds métalliques, n’ont rien d’exotiques mais acquièrent presque immédiatement une aura ténébreuse qui fait penser aux classiques du genre. De Vendredi 13 à Détour mortel, les survivals forestiers ont visiblement inspiré le jeune cinéaste, qui y appose, via une galerie de personnages plutôt originale, sa propre patte. Aux teenagers en rut venant camper, fumer des joints et forniquer dans des tentes canadiennes, Cub substitue des enfants forcément plus innocents (bon, ok, ils cachent des Playboy sous leur duvet), mais pas vraiment plus en sécurité.

« Les enfants de Cub sont plus innocents que les teenagers habituels, mais pas vraiment plus en sécurité. »

Production européenne oblige, Cub ne cherche à aucun moment à respecter les règles du politiquement correct : les animaux, les enfants, les jeunes femmes, en prennent tous pour leur grade, frappés indistinctement par une petite teigne et un colosse très imaginatif, dont les pièges élaborés évoquent une version gore du prologue des Aventuriers de l’arche perdue. Révéler leur nature ou leur fonction gâcherait le principal plaisir pris devant ce néo-slasher par ailleurs assez plat dans sa construction.

Scout tout lourd

Cub : dark side of the scout

Malgré l’aura de mystère qui entoure le jeune Sam (incarné par Maurice Luijten, troublant sosie du River Phoenix période Explorers) et le croquemitaine en chef, Cub pâtit en effet d’un scénario trop linéaire, s’attardant sur des sous-intrigues mises en place trop tardivement pour être intéressantes, tout en négligeant des éléments narratifs cruciaux. Govaerts tente à mi-parcours d’exploiter de façon assez glauque et complaisante les notions de transmission de la violence, annonçant un twist final à la fois convenu, mal amené (il est pratiquement impossible de comprendre les motivations secrètes qui agitent chaque personnage) et difficile à justifier au regard de ce qui l’a précédé.

Tenter de contourner les plaisirs roboratifs et quelque peu primitifs du slasher manichéen ne pourrait être vu comme un défaut. Seulement, en amenant Cub et son postulat certes réjouissant mais fondamentalement idiot (on parle quand même d’un film où les troncs d’arbres sont utilisés comme une arme fatale) sur les terres du suspense psychologique, le réalisateur se prend un peu les pieds dans la racine.