Nightbitch : une allégorie canine qui rate sa cible

par | 27 février 2025 | À LA UNE, Critiques, VOD/SVOD

Nightbitch : une allégorie canine qui rate sa cible

Amy Adams est une maman frustrée se transformant en chien dans Nightbitch, moins un film fantastique provocateur qu’un drame banal sur la maternité.

Nouveau film de la discrète cinéaste américaine Marielle Heller, réalisatrice d’épisodes de séries et de plusieurs longs-métrages dont L’Extraordinaire Mr. Rogers avec Tom Hanks, Nightbitch fait office de remise en lumière attendue après quatre ans sans réalisation. Sorti aux USA en salles mais directement sur Disney+ chez nous, Nightbitch constitue une performance remarquée de plus pour Amy Adams (Premier contact, Big Eyes), qui a décroché grâce à sa metteuse en scène une nouvelle nomination aux Golden Globes 2025. Elle est sans aucun doute le principal atout de ce film au titre provocateur, au carrefour du drame et du fantastique, où l’on suit une maman au foyer et ancienne artiste, qui voit son quotidien bouleversé en épousant… sa nature animale !

Quand le drame manque de mordant

Nightbitch : une allégorie canine qui rate sa cible

Amy Adams incarne donc cette mère, dont le prénom n’est jamais dévoilé, qui en ouverture est montrée en train de préparer le dîner pour son fils. La voix off nous révèle la colère que cette héroïne garde en elle, sa difficulté à élever cet enfant, et sa certitude qu’elle n’a plus le statut de femme ni d’artiste mais uniquement de mère. Omniprésente, cette voix off nous la montre critiquant tout ce qui l’entoure, comme ces mères parfaites avec lesquelles elle se compare. Très vite, on comprend que « la mère » a des difficultés à aller vers les autres. Nightbitch commence vraiment quand en jouant à quatre pattes avec son fils au cheval, il s’exclame « maman est poilue ». Et effectivement, maman a développé une pilosité à plusieurs endroits du corps. Son mari (Scoot McNairy) en rit, mais leurs problèmes sont sérieux : le couple est au bord de la crise, le rituel du coucher s’avère compliqué, sans compter la charge mentale qui pèse sur la mère. Alors quand des chiens se mettent à la rejoindre avec son fils au parc, et qu’elle parvient, une fois seule, à découvrir les changements de son corps sous la douche, tout est bouleversé…

« Il faut que la fin soit réussie pour faire oublier les défauts qui précèdent… »

Malgré ces prémisses alléchantes, Nightbitch se perd dans son histoire, et malheureusement on ne sait pas trop où la cinéaste veut en venir. Scoot McNairy, excellent acteur de composition, est bien trop transparent, et l’écriture de son personnage ne l’aide pas. Amy Adams, dont il est clair qu’elle ignore comment mal jouer, porte le projet sur ses épaules et sauve ce qu’elle peut grâce à une performance engagée et courageuse. Mais comme dans le quotidien de son personnage, Nightbitch, qui file pourtant la métaphore du retour aux instincts animaux, en l’occurrence canins, pour se libérer des carcans de la société, reste très sage. Heller, pour qui la mutation est plus un outil allégorique qu’une porte d’entrée vers le film de genre, prend la mauvaise direction d’un drame assez banal sur la maternité et l’aliénation urbaine, au lieu de se concentrer sur cette transformation. Un changement progressif régulièrement entrecoupé de scènes avec plus ou moins d’intérêt. Jouer au chien avec son fils était drôle au début, mais les enjeux restent limités et répétitifs, sans parler de certaines scènes qui mettent mal à l’aise. Et comme toujours, il faut que la fin soit réussie pour faire oublier les défauts qui précèdent. Pas de chance, ici la déception est grande… Une belle idée de cinéma se niche peut-être dans Nightbitch, mais le film aurait mérité un meilleur traitement.