Baby Bluff : enceinte, mais pas trop

La comédie Baby Bluff imagine Amy Schumer dans la peau d’une femme enceinte… pour de faux. Une idée simple, pour un résultat bon enfant.

Produit pour Netflix par l’inévitable Adam Sandler et réalisé par Tyler Spindel (l’immortel Rien que pour vos cheveux), Baby Bluff – ou Kinda Pregnant en version originale – est la dernière comédie en date avec l’humoriste Amy Schumer (Crazy Amy), qui n’a pas toujours connu le succès dans sa carrière cinéma. Sa nouvelle comédie se veut originale en prenant pour héroïne une femme qui va faire croire à son entourage qu’elle est enceinte : de quoi marier rires francs et grandes émotions !

Baby Bluff commence avec deux jeunes filles qui s’amusent à simuler un accouchement. Lainy (Amy Schumer) veut absolument être maman, Kate (Jillian Bell), n’est pas du tout intéressée. Une scène mignonne qui permet de présenter brièvement les deux amies. On les retrouve, adultes, parlant toujours de tout, de sujets intimes comme leur pilosité. Kate apprend qu’elle est enceinte, mais elle ne dit rien à Lainy qui a rendez-vous avec son petit ami Dave. Au bout de quatre ans de relation, Lainy attend surtout une demande en mariage. Mais ce que son chéri lui propose se révèle être un plan à trois… Amy, au bout de sa vie, se sépare de lui, mais se défoule surtout sur les élèves de son école, en allant jusqu’à brûler des exemplaires de Roméo et Juliette !

Ce n’est que lorsque notre héroïne délaissée se rend compte que toutes ses meilleures amies se révèlent enceintes, que le nœud de l’intrigue montre le bout de son nez : durant une séance de shopping avec Kate, Lainy prend un faux ventre et essaye un pull dans une cabine d’essayage. Une vendeuse n’y voit que du feu. Lainy continue à mentir, allant jusqu’à donner une date imaginaire pour son accouchement. Elle sort de chez elle avec le faux ventre qu’elle a volé, l’effet est immédiat et les gens dans la rue la félicitent, on lui laisse une place dans les transports en commun. Ayant visiblement perdue toute moralité, elle va jusqu’à aller à un coup de yoga pour femmes enceintes. Là, elle fait la connaissance de Megan (Brianne Howey) qui est, bien sûr, véritablement enceinte…

Baby Bluff n’évite pas les clichés sur la grossesse et ses passages obligés, source de gags plus ou moins inspirés, comme cette baby shower, où Layne est désignée pour détruire la pinata en forme de bébé et envoie malencontreusement une collègue qui ne sait pas nager dans la piscine. Le décalage entre ses mensonges et les réactions de son entourage est le principal carburant du scénario, en témoigne ce rendez-vous avec Josh (Will Forte), un prétendant qui assiste médusé à une scène où le (faux) ventre de Layne prend feu avant qu’elle ne l’éteigne en se jetant sur le ventre, ou la rencontre avec un ex étonné d’apprendre la nouvelle. Mais le film réussit à alterner avec des scènes plus sérieuses où les amies de Layne évoquent les difficultés de la grossesse, les injonctions liées au statut de future maman… Baby Bluff repose toutefois bien plus sur un humour qui plonge parfois bras ouverts dans le graveleux, Layne s’enfermant dans son délire de fausse grossesse jusqu’à cacher un poulet sous sa robe, ou avoir des rapports sexuels « à l’aveugle » avec Josh pour ne pas dévoiler son secret. On n’en voudra à personne de deviner où cette situation peut la mener, surtout dans le cadre d’une comédie bon enfant plus proche dans l’esprit d’En cloque mode d’emploi que d’un Juno. Infantile, mais pas si bêta, Baby Bluff suit un schéma classique, et profite de l’abattage comique de sa star, pour un film où l’amour se révèle plus fort que tout, et où les mensonges, même potentiellement graves, sont pardonnés, car sans grandes conséquences.