The Electric State : révolution visuelle ou inspiration en panne ?

Plus gros budget de Netflix, The Electric State cache derrière son imagerie robotique clinquante une aventure tout sauf mémorable.
Le thème de la guerre entre humains et robots ne date pas d’hier, mais en 2025, ce sont Anthony et Joe Russo, toujours auréolés du triomphe de leurs productions Marvel dont Avengers : Endgame (et qui s’apprêtent d’ailleurs à retourner dans le MCU) qui s’y attaquent en adaptant Passagen, un roman graphique de l’auteur suédois Simon Stålenhag – dont le travail avait été adapté une première fois au format série, avec Tales from the loop sur Prime Video. Habitués aux superproductions de superhéros, les frères Russo signent avec The Electric State leur deuxième collaboration avec Netflix, après le catastrophique The Gray Man.
The Electric State suit Michelle (Millie Bobby Brown), une adolescente voyageant avec un jouet-robot à travers les États-Unis, à la recherche de son petit frère, dans une uchronie post-apocalyptique située à la fin des années 1990. Dans ce monde alternatif, Disney serait à l’origine de l’invention des robots. Produites à grande échelle, ces machines finissent par remplacer les humains dans les tâches ingrates et les métiers délaissés. Mais, comme souvent au cinéma, l’intelligence artificielle finit par se rebeller, déclenchant une véritable guerre civile qui va laisser le monde en ruines. En parallèle, Ethan Skate (Stanley Tucci), un milliardaire à l’étrange ressemblance avec Steve Jobs, met au point un casque de réalité virtuelle permettant à ses utilisateurs d’être présents à deux endroits à la fois : une partie de leur cerveau contrôle une machine humanoïde, tandis que l’autre reste consciente ailleurs…
Robots dans l’âme

Qu’ils soient appréciés ou non, force est de constater que les frères Russo peinent à convaincre, une nouvelle fois, la faute à une réalisation qui malgré des moyens illimités (près de 320 millions de dollars, visiblement), manque cruellement d’âme. Tout semble rentrer parfaitement dans le cahier des charges d’une grosse production hollywoodienne, sans y apporter une plus-value. The Electric State reste lisse, calibré pour le grand public et dénué d’une véritable identité. Ironiquement, les robots, eux, n’en manquent pas — d’âme. Animés grâce au concours d’une quinzaine de sociétés d’effets spéciaux et pas des moindres (Digital Domain, Weta Workshop, ILM), ils apparaissent parfois plus humains que les protagonistes de chair et d’os.
« Un énième film de science-fiction proposé par Netflix, qui peine une nouvelle fois à convaincre pleinement. »
Certaines scènes parviennent néanmoins à surprendre, comme ce moment où l’adolescente, incarnée par Millie Bobby Brown, découvre le robot dans son jardin : quelques minutes où certains codes du film d’horreur trouvent une place intéressante dans le récit. La musique d’Alan Silvestri devient plus angoissante, des bruits étranges émanent de la cabane au fond du jardin, un inconnu apparaît furtivement derrière un bocal… Dommage que ces éclairs de mise en scène soient trop rares pour faire du long-métrage une œuvre véritablement marquante. Il faut retenir tout de même quelques plans bien composés, ainsi qu’un casting globalement convaincant. Certains paysages désertiques, jonchés de carcasses de machines autonomes, offrent une vision fidèle à l’univers visuel si caractéristique du roman graphique d’origine.
Le courant passe-t-il avec le spectateur ?

Les robots pilotés par des humains ne sauvent pas non plus The Electric State. Affublés de casques affichant le visage de leur pilote sur un écran, ils paraissent bien moins menaçants qu’attendu. Cela dit, ce choix visuel a le mérite de justifier une scène sortant du lot, portée par la performance de Giancarlo Esposito — et réalisée sans recours excessif au numérique. Une rare réussite dans cet ensemble inégal.
Finalement, que vaut The Electric State ? C’est un énième film de science-fiction proposé par Netflix, qui peine une nouvelle fois à convaincre pleinement, comme Atlas, Minuit dans l’univers, Adam à travers le temps, The Cloverfield Paradox, Bright ou Rebel Moon avant lui. Malgré un message en phase avec les préoccupations actuelles — notamment l’essor des intelligences artificielles et leur omniprésence sur les réseaux sociaux —, le film se contente de nous faire passer un relatif bon moment… vite effacé de nos mémoires.