Nonnas : une comédie chorale mijotée avec amour

par | 25 juin 2025

Nonnas : une comédie chorale mijotée avec amour

Comédie new-yorkaise célébrant le choc des cultures, la transmission familiale… et la cuisine italienne, Nonnas se révèle plutôt savoureux.

Après avoir exploré les tourments de l’adolescence dans Le Monde de Charlie, d’abord en livre, puis en film, Stephen Chbosky change radicalement de registre en arrivant sur Netflix. Finis les silences introspectifs et les journaux intimes. Avec Nonnas, il troque la mélancolie contre un feel-good movie relevé, et profondément humain, mettant en scène des nonnas : des grand-mères en italien. Ce scénario, inspiré d’une histoire vraie, suit Joe Scavarella (Vince Vaughn), un natif de Brooklyn qui vient de perdre sa mère. Pour lui rendre hommage, il a une idée folle : ouvrir un restaurant à Staten Island… dont les seules cheffes seront de vraies grands-mères italiennes. Pas des figurantes. De véritables nonnas, avec leurs recettes secrètes, leurs souvenirs à fleur de peau, et leur caractère bien trempé.

Un beau quatuor de portraits de femmes

Nonnas : une comédie chorale mijotée avec amour

Ce qui aurait pu être une comédie anecdotique se révèle être un film choral tendre et savoureux, traitant de cuisine familiale, de confrontations culturelles et d’histoire d’amour intergénérationnelle. Oui, les clichés sont là : on cuisine sur Funiculì Funiculà, These Boots Are Made for Walkin’ version italienne ou Scenes from an Italian Restaurant de Billy Joel. Mais qu’importe ! Car derrière les stéréotypes, ce sont surtout quatre magnifiques portraits de femmes qui émergent. Attachantes, cabossées parfois, mais debout. Mention spéciale à Lorraine Bracco (Les Soprano), autoritaire en nonna Sicilienne, et Brenda Vaccaro (Macadam Cowboy, And just like that…), Bolonaise au caractère tout aussi piquant. Leurs joutes verbales sont un régal. Au milieu, Talia Shire (Adrienne dans Rocky, pour toujours) incarne une sœur religieuse toute en pudeur, venue tempérer les débats. Jusqu’à l’arrivée — solaire, élégante — d’une Susan Sarandon qui semble flotter entre grâce et second degré.

« On sort du film avec une furieuse envie d’aller goûter les plats… »

Face à ce feu d’artifice de personnalités, Vince Vaughn joue la sobriété. Il est impeccable en restaurateur, rêveur et bienveillant, un peu dépassé par ses cuisinières, mais jamais déconnecté de leur humanité. Ce sont elles qui volent la vedette, avec des performances d’une vérité désarmante. On croit à leurs rires. À leurs souvenirs partagés autour d’un plat. À leurs coups de gueule, surtout. Et on sort du film avec une furieuse envie d’aller goûter leurs plats.

Nonnas, c’est ce genre de film à regarder avec un œil tendre et le sourire aux lèvres. Il n’évite pas tous les poncifs, mais il les assume avec une sincérité plutôt rare. Il célèbre les liens familiaux, la cuisine comme un héritage. C’est doux, parfois salé, mais jamais indigeste. Nonnas est comme un bon plat mijoté : simple, généreux, et qui vous réchauffe jusqu’au cœur.