Couic ! : ça cartoone salement chez les chiens

Provocateur à souhait, Couic ! voit Genndy Tartakovsky livrer une comédie canine pleine de toutous obsédés sexuels. Sympathique, sans plus.
À l’instar de The day the earth blew up (Daffy et Porky sauvent le monde en vf) et Coyote Vs Acme, Fixed (Couic ! en VF) est le dernier sauvetage des annulations de la Warner, cette fois par Netflix, qui a permis au film de voir le jour en le rendant disponible le 13 août sur sa plateforme. Cousin lointain de Ren and Stimpy, comédie débridée – et classée R – sentant bon les programmes du samedi matin sur Cartoon Network, Couic ! s’avère être une semi-déception, dont la belle animation old school sauve à peine un film à l’humour bancal. « Who let the dogs out ? »
Dans Couic !, après un énième incident lié à sa libido débordante, un chien du nom de Bull, se voit condamner par ses propriétaires à perdre ses précieuses testicules dans les mains du vétérinaire. Anéanti par cette nouvelle, il décide, avec ses amis, de passer une dernière nuit de folie – et donc de débauche – avec ses deux compagnons Rocco et Fetch. Et pourquoi pas trouver l’amour en chemin, avec sa voisine, un lévrier afghan nommé Honey ?
Salace, oui, mais artisanal

Brillant auteur derrière Samuraï Jack, Star Wars : The Clone Wars, et le magnum opus Primal, Genndy Tartakovsky était attendu au tournant avec à ce premier long métrage post-Hôtel Transylvanie. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y va pas avec la gomme du crayon, puisque cette comédie d’animation canine crue et ultra-sexuée s’avère être un anachronisme total dans sa conception. De par son utilisation d’un style d’animation en 2D fait à la main qui se fait rare, avec une technique propre à son auteur, et d’un humour convoquant autant Bill Plympton que Tex Avery, Judd Apatow que les frère Farelly, Couic ! sonne comme une récréation de sale gosse pour Tartakovsky. Mais le film ne remplit pourtant pas toutes ses promesses, aussi bien en termes d’humour qu’en terme d’animation.
« On en attendait plus venant du créateur de Primal. »
Si la beauté vulgaire de l’ensemble peut flatter la rétine, et que l’humour visuel du film fait régulièrement mouche (le gag des yeux avec le putois est une pure idée « Tex Averyenne »), on en attendait plus venant du créateur de Primal. Habitué aux récits quasi muets, à la construction visuelle empruntant autant au cinéma qu’au comic book, proposant une idée dingue par plan, Tartakovsky livre ici une « simple » comédie rappelant les productions Cartoon Network des années 90-2000. Pas un défaut en soi, puisque ce sont les racines de son auteur. Mais si l’attaque des chats dans la ruelle ou la maison de passe canine sortent du lot, le réalisateur semble tout de même être en pilotage automatique, bien qu’il reste au-dessus de la mêlée.
Who’s the good boy ?
Si la faible teneur en dialogues était un point fort de ses productions passées, Couic ! confirme, malgré la participation du vétéran des Simpson Jon Viti, qu’il est bien meilleur réalisateur que dialoguiste. Tentant d’imiter tant bien que mal l’écriture d’un Supergrave ou En cloque mode d’emploi, on a le sentiment qu’à part l’utilisation effrénée du mot « Fuck », Tartakovsky a oublié le savoir-faire du dialogue des productions Apatow. Il arrive malgré tout à nous embarquer dans ce récit de potes, librement inspiré de sa bande de copains, et livre un film parfois touchant, prônant l’acceptation de nos différences, et l’entraide, tout en ironisant sur les insécurités masculines. Mieux encore, le film cache en son sein une comédie romantique plutôt charmante entre Bull et Honey, une chienne de compétition, permettant de tacler la bêtise de la course à la perfection et des concours canins.
Alors non, Couic ! n’est pas vraiment une version canine de l’aberration alimentaire qu’était Sausage Party, même si son humour n’est effectivement pas toujours subtil, tout comme son script. Cela reste une comédie d’animation plaisante pour les nostalgiques du Laboratoire de Dexter, des Super Nanas et autre Billy et Mandy. Et en attendant la saison 3 de Primal pour 2026, Couic ! reste un chouette amuse-bouche pour les fans de Genndy Tartakovsky.