Talon Falls : une attraction bien ficelée, mais trop sage

par | 6 octobre 2025

Talon Falls : une attraction bien ficelée, mais trop sage

À mi-chemin entre le slasher et le torture porn, Talon Falls fait le job en tant que film d’horreur bourrin, en soignant son ambiance foraine et malsaine.

Sorti en 2017 et passé inaperçu au point qu’il n’arrive en France qu’en 2025 sur Shadowz, Talon Falls ne prétend pas réinventer quoi que ce soit, mais prend un soin méthodique à cocher toutes les cases des genres qu’il aborde. Le film de Joshua Shreve, qui se présente comme un croisement entre slasher, survival et torture porn, offre un divertissement honnête et efficace aux amateurs de sensations plus ou moins fortes. Mais il peinera à marquer qui que ce soit durablement.

Massacre timide à la fête foraine

Talon Falls : une attraction bien ficelée, mais trop sage

Le décor habituel est planté rapidement avec son groupe de jeunes adultes ridiculement cliché, entre la fille « chiante », son petit ami comique qui tente de la décoincer, et le couple qui ne pense qu’à s’envoyer en l’air toutes les deux minutes. La petite troupe part pour un road trip qui bien sûr ne se passe pas du tout comme prévu, après que le bouseux du coin leur ait « subtilement » conseillé de faire un détour par une attraction locale. Avec un script en tel pilotage automatique, le spectateur sait d’avance où le film l’emmène, mais la durée courte de Talon Falls, à peine 1h15, joue ici en sa faveur. Le récit avance sans passer par quatre chemins, ne laissant pas la place à l’ennui de s’installer. La tension est constante, même si malheureusement elle n’atteint jamais de véritable pic – la mise en scène énergique de Shreve reste appréciable pour le genre. Les personnages remplissent la fonction qu’on attend d’eux : être suffisamment agaçants et stupides pour qu’on ne culpabilise pas de les voir se faire torturer, voire de trouver une forme de plaisir coupable à suivre leur descente aux enfers.

« Ceux qui cherchent une œuvre dérangeante ou extrême resteront sur leur faim. »

Là où le bât blesse, c’est que si l’idée de mixer plusieurs sous-genres dans un seul film est séduisante sur le papier, Talon Falls reste en surface de son sujet. Pour du torture porn, il s’avère sage et les scènes sont plus suggérées que véritablement montrées. Le film donne l’impression d’hésiter entre plaire au plus grand nombre ou foncer vers une horreur plus crue : résultat, il ne fait ni l’un ni l’autre. Là où Talon Falls réussit son tour de force, c’est sans conteste dans son ambiance. Le parc d’attractions sordide dans lequel se déroule la majorité de l’action est une vraie réussite visuelle. Les décors sont travaillés, détaillés et plongent le téléspectateur dans une atmosphère malsaine et immersive. Tunnels crasseux, cages et hurlements en fond sonore, l’univers créé par Shreve est crédible, bien plus que ce que son scénario minimaliste laissait présager.

 Au final Talon Falls, comme la plateforme Shadow le promet elle-même, n’est ni un navet ni une pépite. Il ne prétend pas révolutionner quoi que ce soit, mais propose un produit « propre » et honnête. Il peut faire le job pour une soirée d’horreur sans prise de tête à condition de ne pas attendre plus que ce qu’il promet. Ceux qui cherchent une œuvre dérangeante ou extrême resteront sur leur faim, mais les autres passeront un moment efficace dans une ambiance de fête foraine dégénérée plutôt prenante.