The Elixir : chair fraîche et idées neuves

par | 7 novembre 2025

The Elixir : chair fraîche et idées neuves

Un elixir de jouvence transforme un patelin en zombies énervés dans l’indonésien The Elixir, film gore à souhait pas dénué de qualités.

Juste au moment où l’on pensait que la figure omniprésente du zombie était tombée dans l’indifférence, à l’instar des spin-off de l’increvable The Walking Dead, voilà que l’Indonésie nous envoie une contribution saignante au genre. The Elixir est l’œuvre de Kimo Stamboel, réalisateur de The Queen of Black Magic plus connu, avec Timo Tjahanto (passé à Hollywood avec Nobody 2) comme la moitié de l’ex-duo des Mo Brothers, auteurs des très subtils Killers et Headshot. Un cinéaste expérimenté donc, adepte de l’horreur et du gore frontal, qui met ici son savoir-faire au service d’une énième histoire d’infectés, catégorie « coureurs de fond » à la 28 jours plus tard. Une proposition pourtant solide dont l’intérêt naît d’abord de son décor de campagne verdoyante.

Le prétexte à la transformation de tout un patelin agricole en mangeurs de chair fraîche marathoniens, puisqu’il en faut un, est résumé dans le titre : un élixir de jouvence expérimental, testé à la va-vite par le patron vieillissant d’une entreprise de produits de bien-être. Le produit tient du miracle dans un premier temps, faisant disparaître d’un coup rides et cheveux gris. Mais les effets secondaires, eux, sont sévères ! La peau du boss finit par rougir et fondre, ses yeux virent au jaune et avant que l’intégralité du casting n’ait eu le temps de dire « Mais qu’est-ce qui vous arrive, ça va pas ? », le chef d’entreprise devient le patient zéro d’une épidémie se propageant à vitesse grand V en dehors de leur luxueuse villa, obligeant la famille à fuir vers le commissariat et les bicoques les plus proches…

L’invasion vermillon

The Elixir : chair fraîche et idées neuves

Il faut un quart d’heure à The Elixir pour poser, en mode soap télévisuel, les bases de cette histoire et présenter sa galerie de personnages, une troupe dysfonctionnelle de futurs héritiers pressée de voir la société familiale revendue – parmi lesquels on reconnait Eva Celia, l’une des héroïnes de L’ombre rebelle de l’ami Tjahanto. Un mal nécessaire avant que le festival de chairs à vif commence et que le tempo s’énerve. Le film met alors en place une sorte de fuite perpétuelle avortée, sans cesse condamnée par la rapidité de la contamination et le peu de refuges disponibles. La stupidité et l’apathie de la population locale face à des infectés pourtant féroces – la télé et les films de zombies n’ont jamais dû arriver dans cette partie du monde, apparemment – sont aussi un facteur aggravant de mortalité, au point qu’on préfère en sourire.

« Stamboel, quand il ne joue pas avec l’horizontalité de son décor et ses vues par drone, se fait plaisir avec ses explosions de gore. »

The Elixir n’est clairement pas un exemple de narration logique et bétonnée, tant le scénario abuse de facilités pour faire camper son casting à l’endroit voulu, pour un temps voulu. Leur sort importe assez peu, notamment parce que les scènes mélodramatiques ont la finesse d’un éléphant au galop. Moins en tout cas que la mise en scène du carnage opérée par Stamboel, qui, quand il ne joue pas avec l’horizontalité de son décor et ses vues par drone, se fait plaisir avec ses explosions de gore. The Elixir est un film rouge sang, indéniablement, d’une violence graphique assez rare sur Netflix en dehors des films… de Timo Tjahanto, tiens ! Le long-métrage, bien qu’accusant quelques longueurs, est parsemé de chouettes idées, comme celle de pétrifier la horde des infectés dès que la foudre tombe ou de les mettre en transe quand il pleut. Une scène d’échappée hasardeuse où la survie d’un trio ne tient qu’à quelques boucliers anti-émeute marque aussi les esprits.

C’est l’une des vraies qualités de The Elixir que de redonner ainsi un peu de couleur, vermillon évidemment, à un genre en véritable décomposition depuis des années. Exotique, énervé, le film ose anticiper une éventuelle suite qui ne serait, à notre propre surprise, pas de refus !