Sisu : le chemin de la vengeance : un délire guerrier et cartoonesque
Capitalisant sur les ingrédients du premier Sisu, Le chemin de la vengeance s’avère être une suite encore plus violente et démesurée. Efficace !
Un héros increvable, mutique et buriné, des méchants sadiques en surnombre (après les nazis, voilà les Soviets), des morceaux de bravoure insensés et une violence excessive assumée… Dans la droite lignée de son prédécesseur, Sisu : le chemin de la vengeance confirme l’orientation sacrément débridée de l’univers créé par Jalmari Helander, qui après s’être révélé avec Père Noël : Origines, avait livré son meilleur travail avec le premier Sisu. Le cinéaste signe ici une séquelle haletante, souvent improbable et très gore, mais toujours terriblement divertissante. Un pur délire assumant jusqu’au bout son statut de cartoon jubilatoire pour adultes.
Ma poutre dans ton Soviet
Sisu 2 se déroule en 1946, deux ans après les événements du premier opus. Aatami Korpi (toujours incarné par l’imposant Jorma Tommila, soit dit en passant par le beau-frère du réalisateur !) alias « l’homme qui refusait de mourir », démonte, rondin par rondin, la vieille maison familiale, où sa famille a été brutalement assassinée pendant la Seconde Guerre mondiale, afin de la charger sur un camion. Son objectif : s’éloigner d’un territoire occupé par les Soviétiques et la reconstruire dans un lieu sûr, en Finlande. Mais le voyage tourne au cauchemar. Aatami croise la route des forces soviétiques, et notamment d’agents du KGB. L’un d’eux, incarné par Richard Brake (second rôle à la gueule biseautée, recroisé récemment dans Last Stop in Yuma County), libère de sa prison sibérienne le commandant de l’Armée rouge Igor Draganov (Stephen Lang, l’un des piliers bien connus de la franchise Avatar). Draganov est l’homme responsable du massacre de la famille d’Aatami, et il est bien décidé à achever ce qu’il avait commencé : éliminer définitivement celui que les Finlandais croient indestructible, au point d’en faire une légende vivante…
« Une suite amplifie la formule du premier film, offrant plus de démesure, de violence, tout en restant fidèle à son esprit « grand guignol ». »
La suite ? C’est une course-poursuite homérique et acharnée à la Mad Max : Fury Road pour parcourir les 120 km qui sépare Aatami de la frontière, sachant qu’en plus, notre héros reste déterminé à ramener chaque poutre à bon port. Sisu 2 se transforme en un défouloir trash où chaque scène tente d’être toujours plus forte et marquante que la précédente en termes de démesure. Ce spectacle résolument « popcorn » ne réussit pas tout ce qu’il entreprend (une séquence d’attaque aérienne, notamment, peut laisser perplexe dans son dénouement). C’est la quantité d’idées portée à l’écran qui finit par emporter l’adhésion du spectateur, Helander maintenant intact son penchant pour les mises à mort exagérées et jouissives, sans jamais tomber dans un délire surdécoupé. L’action ici est toujours lisible, cadrée de façon optimale pour maximiser son impact, quelle que soit l’extravagance imaginée. À noter une bande originale lorgnant légèrement sur le thème de Rambo, autre référence claire du réalisateur – et ce n’est pas un hasard : Helander est actuellement aux manettes du prochain opus, une préquelle se déroulant pendant la guerre du Vietnam.
En somme, Sisu : le chemin de la vengeance est une suite qui maintient et amplifie la formule du premier film, offrant, toujours en moins de 90 minutes, plus de démesure, plus de violence, tout en restant fidèle à son esprit « grand guignol ». Helander délivre un plaisir de festival brutal, avec une mise en scène solide et un héros toujours plus iconisé. Une série B guerrière qui, malgré des éléments parfois risibles ou perfectibles, remplit parfaitement sa mission.
