Brick : une série B entre quatre murs

Il n’aura échappé à personne que les USA traversent l’une des périodes les plus sombres de leur histoire. Sous la coupe d’un président partisan de l’autoritarisme et du révisionnisme, belliqueux jusqu’à l’absurde, le pays commence à s’engager dans de nouveaux conflits coûteux et idéologiques, comme si l’Histoire n’avait pas démontré la futilité de ce mode de pensée impérialiste. L’exemple le plus récent, le plus douloureux aussi, de cette volonté de domination mondiale, demeure la seconde guerre en Irak menée pendant les années 2000. Qui peut affirmer que le monde se porte mieux parce que l’armée américaine a envahi, sous des prétextes trompeurs, le pays de Saddam Hussein au lendemain du 11 septembre ? Comme le Vietnam, l’Irak est une plaie béante dans la psyché US, dont le cinéma s’est emparé à maintes reprises ces 20 dernières années. La question qui se pose avec Warfare, que le cinéaste et scénariste Alex Garland (Ex Machina) a coréalisé avec son conseiller technique sur Civil War et ancien US Navy Seal Ray Mendoza, est donc inévitable : à quoi sert le film en 2025 et que peut-il nous apprendre sur ce conflit parmi les plus filmés et commentés du dernier siècle ? 90 minutes et des poussières ont vite fait de nous apporter une réponse décevante : à pas grand-chose.

À Hambourg, Tom (Matthias Schweighöfer, plus à son avantage que dans les films de Snyder qui l’ont révélé, Army of the Dead et Army of Thieves) et Olivia (Ruby O Fee, également dans Army of Thieves) habitent ensemble, mais leur couple bat de l’aile suite à un drame familial. Olivia, architecte, a démissionné, mais Tom, qui travaille dans les jeux vidéo, ne peut quitter son métier aussi facilement. Le matin où Olivia fait sa valise et se décide à partir, le couple s’aperçoit qu’un mur de briques recouvre l’issue de la porte d’entrée ! Même chose devant toutes les fenêtres. Le couple est coupé de l’extérieur. Heureusement, une cloison a échappé à ce système de défense : le mur mitoyen avec l’appartement voisin, occupé par un couple de locataires AirBnB, Ana et Marvin, qui ne comprend rien à la situation. Peu à peu les « prisonniers » font des découvertes étonnantes : les murs sont magnétisés, mais rejettent les éléments, comme les couverts, violemment. À court de solutions horizontales, les deux couples décident de briser le plancher pour avoir accès à l’appartement en dessous. Un voisin armé les accueille avant de se joindre à leur périple vertical : direction les sous-sols, où des éléments encore plus bizarres les attendent…
« Brick explore logiquement le thème de la paranoïa. »
En enfermant tous ses protagonistes dans un lieu unique devenu une prison pleine de dangers mortels, à la manière de l’inévitable Cube, donc, mais aussi de La Plateforme, lui aussi sur Netflix, Brick explore logiquement le thème de la paranoïa. Les voisins se méfient des uns des autres pendant que la descente continue. Il faut dire que l’ambiance du film n’incite pas à la relaxation : des cadavres sans main, un mur aux propriétés surnaturelles (où les balles ricochent, ce qui occasionne une scène tragique) qui descend même sous terre, un local de surveillance qui contient autant de réponses que de nouveaux mystères… Sur une durée relativement courte, Brick a le temps d’empiler les cadavres sans que ses héros, tous faillibles, mais dotés d’un véritable instinct de survie, ne trouvent la sortie de ce piège. Surtout Tim, dont les compétences en informatique vont s’avérer cruciales pour le dernier acte du film – la course-poursuite qui clôt cette aventure est plutôt réussie. Sans être aussi original et impactant que les titres qui l’ont influencé, Brick se suit malgré tout sans déplaisir.