Contre-attaque : quand le Mexique part en guerre

Une poignée de soldats d’élite tente de survivre aux attaques d’un cartel en colère dans ce basique, mais remuant Contre-Attaque.
C’est tout le mérite d’une entreprise globalisée comme Netflix que de pouvoir attirer son public, où qu’il soit, vers des cinématographies qu’il côtoie peu en temps normal. Production mexicaine et fière de l’être, Contre-Attaque a en effet trusté peu de temps après sa sortie le top 5 des films les plus regardés sur la plateforme, bousculant un peu l’hégémonie traditionnelle des USA et de l’Europe. Le film du vétéran Chava Cartas a pour lui d’être plutôt court (moins de 90 minutes en comptant le générique) et de ne pas perdre de temps pour faire parler la poudre. Contre-attaque a en effet tous les atouts d’une série B fidèle à son titre : ceux qui aiment les histoires viriles de commandos surmontant par leur professionnalisme, leur sens du sacrifice et leur amour du drapeau, une adversité féroce, ne seront certainement pas déçus.
Pas de pitié pour les cartels

L’histoire de Contre-attaque est d’une simplicité biblique, presque déroutante : au bout d’une minute de métrage, un groupe de cinq soldats des forces d’élite de l’armée mexicaine (« des gars qu’on ne peut abattre que dans le dos », dit-on d’eux avec crainte) taillant le bout de gras lors d’un voyage en voiture est attaqué par des mercenaires. Réagissant au quart de tour, le petit commando retourne la situation, mais le pire va arriver. Comme va nous l’apprendre le quart d’heure d’exposition suivant (hé oui, on est encore sur un exemple de scénario en flash forward conçu pour ne pas perdre le spectateur impatient), le capitaine Guerrero (le monolithique Luis Alberti) a fait l’erreur de s’interposer dans une tentative de kidnapping perpétrée par un cartel tout-puissant. Chargé avec ses hommes d’arrêter le chef de ce cartel, Josefo (Noé Hernandez), Guerrero est trahi par un politicien corrompu qui révèle leur position. Désormais pourchassés à travers la forêt, les « murcielagos » vont redoubler d’efforts et d’agressivité pour survivre – et se montrer, au grand dam de leurs poursuivants, fidèles à leur réputation.
« Le film manque un peu de générosité, pour que le résultat soit plus mémorable et gagne en personnalité. »
De développement des personnages, au-delà de leur fonction (le jeune sniper, le médecin, le vétéran…) et du lien d’amitié qui les lie, il n’en sera pas question dans Contre-attaque. Avançant pied au plancher, voilà un film qui perd en subtilité et en épaisseur émotionnelle ce qu’il gagne en efficacité. Cartas n’est certes pas le nouveau McTiernan, et même s’il s’inspire de la méthode hollywoodienne, n’atteint pas les sommets de technicité et d’ampleur guerrière d’un Du sang et des larmes, pour citer un long-métrage similaire. Mais il s’est fixé comme objectif de signer une aventure linéaire où les douilles et les figurants tombent comme la neige à Noël, et se montre prêt à tout pour remplir son contrat. Et tant pis s’il faut avaler quelques couleuvres scénaristiques (deux femmes en péril se trouvent, de manière étonnante, toujours sur le chemin des héros) et regretter la légèreté avec laquelle le scénario aborde des problématiques sensibles au Mexique (les charniers clandestins, la corruption des élites). Contre-attaque joue la carte de l’action militaire tactique, sans originalité excessive, mais avec savoir-faire : Cartas maîtrise la gestion de l’espace, ses fusillades ont de l’impact et le rythme ne faiblit jamais.
Le résultat manque un peu de générosité, ne serait-ce que pour garantir l’attachemant à ses protagonistes, et atténuer un poil l’ambiance bêtement patriotique et macho qui plane sur le projet. Bref, pour que le film soit plus mémorable et gagne en personnalité. Mais difficile, pour les amoureux du genre, de ne pas reconnaître que Contre-attaque est divertissant et marque plusieurs points en filant ainsi droit au but.