En selle ! 10 westerns inédits à découvrir
À l’occasion de la sortie de The Power of the Dog, on vous emmène sur la piste de 10 westerns inédits en salles. Au galop !
En ces temps ultra-connectés, obsédés par la technologie, y a-t-il un genre cinématographique plus désuet pour le grand public que le western ? Un jour peut-être, le carton d’une série sur Netflix se déroulant dans le Far West (Godless étant passée inaperçue) suffira à redonner un troisième — ou onzième — souffle à cette manne fictionnelle increvable et si chérie par les cinéphiles de tous bords. Ce constat un tantinet pessimiste ne doit pas masquer le fait que les stetson et les cache-poussière continuent d’avoir leur mot à dire dans le cinéma contemporain, comme le prouve ce mois-ci le film de Jane Campion, The Power of the Dog. La preuve, avec ces dix longs-métrages (plus ou moins) récents, tous inédits en salles, que nous vous encourageons à découvrir fissa si vous êtes fan du genre.
La Ballade de Buster Scruggs (Netflix)
Commençons avec le titre le plus identifiable du lot, le plus fameux par définition puisque signé par les frères Coen. Le brillant duo n’était pas étranger au genre avant de signer ce film à sketches luxueux pour Netflix, puisqu’il avait déjà livré un remake convaincant de True Grit avec Jeff Bridges. Buster Scruggs est une anthologie plus iconoclaste (c’est peu de le dire), une collection de courtes histoires tantôt cruelles, tantôt élégiaques, parfois les deux : un voyage inégal, mais sacrément excitant. Et pour ne rien gâcher, c’est visuellement somptueux.
La Mission (Netflix)
Quand Paul Greengrass, le réalisateur de Vol 93, Capitaine Phillips et 22 July, le spécialiste des reconstitutions véristes se met au western, ça donne… une odyssée élégiaque réfléchissant sur les passeurs d’Histoire et la subjectivité inhérente à l’écriture de la Conquête de l’Ouest ? Ok. Sérieusement, La Mission est une belle réussite : Tom Hanks est idéal en (ra)conteur professionnel délivrant « les nouvelles du monde » à travers une Amérique traumatisée par la guerre, prenant sous son aile une « prisonnière qui connaîtra un meilleur sort que dans les films de John Ford. Il y a une lumière au bout du chemin dans ce western pensé pour l’écran large, et ça fait du bien.
The Dark Valley (Shadowz, DVD)
Aventure neigeuse à l’ambiance eastwoodienne et taciturne, The Dark Valley présente la particularité d’être un pur euro-western ! Une production austro-allemande qui se déroule dans le Tyrol du XIXe siècle : une contrée montagneuse n’ayant rien à envier aux cousins américains, théâtre d’une histoire de vengeance menée par un homme sans nom ayant embarqué une arme yankee (une Winchester, plus précisément) pour faire le ménage. Sous le chapeau, Sam Riley incarne avec conviction l’étranger venu se faire justice, dans des paysages à couper le souffle. Dépaysant et unique, même si le film n’est pas sans défauts.
The Kid (Prime Video, DVD)
Tentative louable de démythifier la légende de Pat Garrett et Billy le Kid, The Kid (qui n’est pas celui qui croit) entremêle figures historiques et personnages de fiction devant la caméra de l’acteur Vincent d’Onofrio. Ethan Hawke, presque un spécialiste du genre, endosse l’étoile du shérif tandis que le “dicaprien” Dane DeHaan devient le jeune hors-la-loi. Les deux adversaires prennent sous leur aile un garçon parricide en quête de figure paternelle, dans ce western qui s’apprécie autant dans ses moments de creux que dans ses rares, mais efficaces fusillades.
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Pionnière (Netflix, VOD)
Les westerns post-modernes ont ceci de jouissif qu’ils redonnent une sorte de virginité aux clichés les plus fatigués. Dans le genre, Pionnière, œuvre d’un duo de frangins portés sur l’absurde existentialiste, est une belle curiosité : les légendes de l’Ouest laissent ici la place à une galerie de personnages pleutres, pittoresques et malgré tout dangereux dans leur imbécilité. En tête de gondole, un Robert Pattinson édenté de compétition, sauveur autoproclamé et piètre musicien à l’image d’un film chérissant sa singularité et son côté doux-dingue méticuleux.
Bone Tomahawk (Shadowz, Blu-ray)
Nous n’allions pas oublier le western “peckinpesque” et cannibale de Craig S. Zahler ? Film de la révélation pour le romancier et scénariste, Bone Tomahawk demeure un film-choc inébranlable, mélange élégiaque et gorissime (comprendre : c’est violent, mais c’est lent) de genres incompatibles sur le papier, porté par les prestations chargées en charisme viril de Kurt Russell, Matthew J. Fox, Patrick Wilson et Richard Jenkins. Bone Tomahawk n’est pas sans défauts, mais son imagerie, sa richesse et son intransigeance en ont fait un jalon incontournable du western récent.
Slow West (VOD)
Sorti au mi-temps des années 2010, Slow West n’a rien perdu de sa douce étrangeté : dans ce western zébré de couleurs vibrantes et d’humour sardonique, les héros sont un freluquet au cœur pur parti chercher sa belle à travers le Grand Ouest (Kodi Smit-McPhee) et son compagnon de route fin tireur et machiavélique (Michael Fassbender). Un duo mal assorti qui multiplie les rencontres dangereuses, dans une déconstruction maline du genre, s’autorisant notamment une fusillade finale comme sortie d’un tableau pop mis en scène par un Wes Anderson adepte des effusions de sang.
Terre maudite (VOD)
Si les westerns cannibales sont rares, les westerns d’épouvante ne courent pas non plus les rues. On doit Terre Maudite à la réalisatrice Emma Tammi, qui dépeint la vie des colons du début du XIXe siècle, seuls sur des parcelles de terre immense, comme un cauchemar éveillé. Isolée avec son pieux mari, sans enfant, Lizzy (formidable Caitlin Gerard) découvre que les légendes amérindiennes locales sont bien réelles quand un couple de voisins s’installe non loin. Des grands espaces, de l’atmosphère, quelques jump scares de bon goût : du fantastique féministe minimaliste, mais efficace et sacrément original.
Dans le silence de l’Ouest (Blu-ray)
Resté inédit en France pendant près de 6 ans, Dans le silence de l’Ouest marque pour l’instant la dernière incursion de Daniel Barber (Harry Brown) au cinéma, et c’est bien dommage. Trois femmes (deux sœurs et une maîtresse de maison noire) doivent survivre au crépuscule de la guerre de Sécession à l’arrivée de soldats dépravés, avec les moyens du bord. Avec sensibilité et efficacité, Daniel Barber dirige un film sous tension, laissant à ses actrices et acteurs l’espace pour faire vivre des personnages peu à peu privés de repères ou de morale, dommages collatéraux d’une guerre dont il retourne à dessein les clichés attendus (les envahisseurs sont ici des éclaireurs nordistes).
The Harder They Fall (Netflix)
Premier long-métrage du chanteur Jeymes Samuel, The Harder They Fall s’attaque à déboulonner les codes du genre qu’il illustre. Piochant son inspiration dans Mort ou Vif, Django Unchained et tout un pan du western spaghetti, The Harder They Fall suit la vengeance d’un pistolero dont les parents ont été tués par un brigand légendaire. Paysages démesurés, décors de village cinégéniques, fusillades sanglantes… Refrain connu. Seulement, ici, tous les personnages sont noirs, et cela change tout. Jouant avec les mythes (les figures historiques sont réelles, les faits un peu moins), gourmand en termes de personnages (mais le casting est superbe), Samuel moque et sublime en même temps le western à l’ancienne en changeant la donne d’un Âge d’Or hollywoodien définitivement trop blanc pour lui.