Avec le troisième épisode des Expendables, plus improbable franchise du cinéma d’action actuelle fait une fois de plus un retour en fanfare. Bébé protéiné de Sylvester Stallone, tête pensante de cette saga plus chargée en douilles, en gros bras et en punchlines débiles que toute la production hollywoodienne de la dernière décennie, les Expendables font depuis le lancement du premier épisode le buzz sur Internet, moins à cause des mystères entourant les scénarios (dont tout le monde, à commencer par les producteurs, semble se contrefaire royalement), que des jeux de casting interminables, observés avec autant d’attention et d’excitation infantile que la constitution de l’Équipe de France.
Finalement, après de nombreuses tergiversations et changement de joueurs… pardon d’acteurs (Bruce Willis a notamment été froidement taclé sur Twitter par le « boss » pour avoir été trop gourmand ; Nicolas Cage a nié toute implication dans le projet ; et Steven Seagal, même si personne ne veut vraiment de lui, a fait savoir qu’il ne tournerait jamais avec cette « équipe » – en particulier le producteur Avi Lerner), le casting réuni par Stallone est reparti l’année dernière à Sofia, en Bulgarie, lieu de tournage privilégié de la saga, pour une nouvelle aventure.
Barney a de nouveaux amis
Autour de Barney Ross (Sly), on retrouvera donc pour la troisième fois un quintet de « sacrifiables » toujours aussi rutilant, composé de Jason Statham, Dolph Lundgren, l’adorable Terry Crews, Randy Couture, et Jet Li, qui aura espérons-le droit à plus de cinq minutes de présence à l’écran – mais qui devrait par contre avoir droit à son lot de blagues gentiment racistes. Stallone a par contre fait le plein de sang neuf cette fois, en faisant d’une part appel à son ancien adversaire de Demolition Man, Wesley Snipes, que l’équipe sort littéralement de prison au début du nouveau trailer, une idée aussi jouissivement débile (Snipes sort réellement de prison après avoir été condamné pour fraude fiscale) et parfaitement cynique – la star black s’exclame « Il n’y a pas de meilleur endroit au monde qu’avec vous ! », comprendre « au cinéma, et en liberté ! ».
[quote_center] »Stallone a peut-être eu le nez creux en allant chercher en Australie le rookie Patrick Hugues. »[/quote_center]
Snipes n’est pas le seul coup d’éclat dans ce casting pléthorique. Arnold Schwarzenegger est toujours de la partie (on parie sur une nouvelle punchline héritée de ses propres films, genre Predator), Kelsey Grammer (oui, Frasier lui-même) hérite d’un personnage de magouilleur appelé Bonaparte – les patronymes idiots sont une spécialité de la maison, Harrison Ford vient piloter un hélicoptère pour le fun, Antonio Banderas sort de sa pré-retraite avec un entrain manifestement communicatif, et une toute nouvelle équipe de bleusailles, composée de l’artiste martiale Ronda Rousey, du bovin Kellan Lutz (La légende d’Hercule), Glen Powell (The Dark knight rises) et du boxeur Victor Ortiz, fait son apparition. Cerise sur le gâteau, Sly a fait appel au désormais sulfureux Mel Gibson, pour succéder à Jean-Claude Van Damme dans le rôle du vilain de service, Conrad Stonebanks, un ancien Expendable qui a désormais juré de les détruire. Oui, c’est mince comme scénario. Assez mince d’ailleurs pour que l’acteur, vu récemment dans Machete Kills, le résume en une seule phrase explicative.
Australie, terre d’action
On doute d’ailleurs que les dialogues, ou la profondeur des personnages soient le point fort d’Expendables 3, si on en croit le premier véritable trailer, martialement monté au son de la marche sifflotante du Pont de la rivière Kwaï et du « Berzerk » d’Eminem. Ce qui importe, c’est l’ampleur, l’originalité et la variété des scènes d’action, qui devraient peut-être, enfin, ressembler à quelque chose dans cet épisode. Car, malgré le confortable budget de chaque film, qui permet entre autres de rassembler ces stars sur un tank le temps d’une fabuleuse opération marketing à Cannes, Expendables et Expendables 2 ne brillaient que rarement par la qualité de leur montage, chaotique, ou de leur direction artistique. La vraie force de la franchise jusqu’à présent, c’est la décontraction affichée de son casting, son improbable et pourtant bien réelle alchimie, le côté série B décomplexée qui permet de faire oublier les nombreuses carences techniques et le fan service abusif des dialogues. Que le film soit aussi visuellement réussi que son générique quatre étoiles serait désormais un atout bienvenu.
De ce côté, Stallone a peut-être eu le nez creux en allant chercher en Australie le rookie Patrick Hugues. Ce protégé de Greg McLean (Wolf Creek 2), ancien réalisateur de clips, s’est fait immédiatement remarquer avec son premier long, le très efficace Red Hill, qui lui a valu de décrocher le job. Pas vraiment adepte du montage cut, d’un tempérament débrouillard – Red Hill a été bouclé en moins d’un mois et semble avoir coûté deux fois plus que son budget -, Hugues pourrait bien se révéler être l’atout maître d’un projet aux codes et à l’univers tout de même très archaïques. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur sa réussite, mais en attendant, la bande-annonce ci-dessous « fait le boulot proprement » comme dirait l’ami Barney. Destruction en masse prévue le 20 août prochain.