I am not a serial killer : le jeune homme et la mort
Petite production passée sous le radar, I am not a serial killer cultive avec bonheur sa morbide étrangeté, et offre un beau rôle à Christopher Lloyd.
Sélectionné en 2016 au PIFFF, I am not a serial killer fait partie de ces projets modestes, sans stars et effets flashy, qui se retrouvent souvent perdus dans la masse des films de genre américains. Derrière son titre cryptique, le film fait pourtant figure de très bonne surprise, pour ceux qui sauront savourer son rythme patient et son approche affectée du fantastique. L’histoire se déroule dans une cité ouvrière grisâtre et hivernale : un trou perdu façon Fargo, où s’ennuie John (Max Records, Max et les maximonstres), un post-ado qui nous évoque autant Donnie Darko que Dexter, avec sa mine de trois mètres de long, ses tendances sociopathes et son boulot d’assistant légiste à la morgue de sa maman. Le scénario, adapté du premier tome d’une saga de sept romans signés par Dan Wells, prend le temps d’instaurer une ambiance originale, pastorale et glaçante autour de ce jeune homme paumé, sa famille déstructurée, son « pote réglementaire » et son psy relax. Mais le quotidien de John est bouleversé le jour où il découvre le secret effrayant de son vieux voisin, joué par un Christopher Lloyd plus qu’à son aise…
La campagne, c’est inquiétant
Héros perturbé contre monstre mystérieux : dans I am not a serial killer, ce duel singulier, en ce qu’il détonne avec le cadre désespérément rural et désolé qui entoure notre héros, est orchestré en 16 mm avec un style terre-à-terre, qui ne peut que convoquer l’ombre d’un Stephen King devenu la référence incontournable pour qui veut faire surgir l’horreur dans un cadre rural américain. Déraciné pour l’occasion, le réalisateur irlandais Billy O’Brien, qui avait appliqué la même recette à son Isolation, grand prix surprise de Gérardmer 2006, trouve le ton juste pour concilier chronique ado ambiguë, enquête à rebondissements et fantastique viscéral volontiers visqueux dans sa dernière bobine. A vrai dire, il est difficile d’en dire plus sans déflorer le suspense propre à cette production modeste, mais aussi rigoureuse que le froid du Minnesota…