La Espera : quand l’horreur devient intime
Exclusivité Shadowz, La Espera nous emmène dans les terres arides andalouses, pour une histoire tragique et horrifique marquante. Belle découverte !
Depuis plusieurs années, Shadowz est la plateforme reconnue pour sa mise en avant de petites pépites de genres introuvables ailleurs. Et une fois de plus elle ne déroge pas à sa règle avec La Espera, le dernier-né de F. Javier Gutiérrez disponible depuis le 30 août pour les abonnés. Le réalisateur espagnol, jusque-là surtout connu du grand public pour le très décrié Le Cercle : Rings change ici totalement de registre en revenant sur ses terres : La Espera, sous couvert d’horreur, propose avant tout un drame psychologique très réussi.
La Espera relate l’histoire d’Eladio (Vìctor Clavijo, notamment vu dans la série The Grand Hotel), garde-chasse taiseux, mais aimant, qui accepte un poste de gardien sur la propriété du notable du coin. Plein d’espoir d’une vie meilleure, Eladio emmène avec lui son fils et sa femme dans cette campagne isolée andalouse, où certains de ses choix vont avoir des conséquences imprévisibles…
Entre western et drame sanglant
Dès les premiers instants de La Espera, Gutiérrez, avec ses plans serrés sur la nourriture et le corps de son principal protagoniste, confirme qu’au-delà du film d’horreur c’est avant tout une histoire intime qu’on va suivre. Eladio est de ces hommes d’un certain âge dont toute une vie d’éducation les a poussés à taire leurs émotions, mais qui, paradoxalement, en un regard, parvient à transmettre bien plus au spectateur qu’en un long discours. Sa relation tout en pudeur et en subtilité avec son fils unique reste un des moments marquants de ce long-métrage et ajoute encore à l’impact d’une seconde partie qui prend des allures de tragédie grecque moderne – dont on ne révélera pas ici les détails.
« La Espera entraîne le spectateur sur des terres arides où tout espoir semble disparaître. »
Mélange surprenant de western, avec ses hommes bruts de décoffrage à la gâchette facile et de drame intimiste sur fond de descente aux enfers, La Espera entraîne un spectateur captif et consentant sur des terres arides où tout espoir semble disparaître. Les adeptes de purs films d’horreur ne seront néanmoins pas en reste, avec quelques séquences bien sanglantes fort appréciables et une tension maîtrisée jusqu’à un dénouement en apothéose. Au final, La Espera prend son temps, mais ne peut jamais être qualifié de film lent. Aucune scène n’est de trop et cette famille marquée par la tragédie saura toucher un spectateur adepte des œuvres tout en nuances. À découvrir sans hésitation !