Life of Belle : la résurrection pas si désagréable du found footage

par | 26 août 2025

Life of Belle : la résurrection pas si désagréable du found footage

Projet modeste et familial, Life of Belle utilise le found footage avec une vraie connaissance de ses codes. Une sympathique curiosité.

Le found footage, ce vieux procédé du cinéma d’horreur ayant connu son heure de gloire à travers l’interminable saga Paranormal Activity avant d’être usé par ses centaines de rejetons, s’était fait oublier ces dernières années. Mais ça c’était avant que débarque en exclusivité sur Shadowz, le modeste (le budget serait de 300 dollars !), mais plutôt inspiré Life of Belle, un petit film indépendant écrit et réalisé par Shaun Robinson qui sur le papier ressemble plus à un projet familial qu’autre chose. Ainsi, sa fille incarne la fameuse Annabelle « Belle » Barnes héroïne du film… Et tous les membres de la distribution sont aussi des Robinson ! Le tout donne une tentative modeste, mais sincère de ressusciter un sous-genre qui avait perdu depuis longtemps ses lettres de noblesse.

 Les premières minutes nous renvoient en juillet 2018, quand la police fait une découverte macabre : les cadavres de toute une famille sont retrouvés dans leur maison, ou presque puisque Belle huit ans, reste introuvable. La police dans l’espoir de la retrouver décide de diffuser les images retrouvées sur place, savant mélange d’enregistrements de caméras de surveillance et d’images tournées par Belle elle-même qui rêvait de lancer sa chaîne YouTube. Sur le papier, rien de nouveau sous le soleil. Néanmoins Life of Belle tente d’y ajouter un côté plus intimiste en mariant chronique domestique et descente aux enfers progressive.

Quand l’horreur se cache au fond du cadre

Life of Belle : la résurrection pas si désagréable du found footage

La première force de Life of Belle, il faut le reconnaître, est son ambiance. Robinson fait le choix, réussi, d’exploiter intelligemment ses plans fixes, obligeant son spectateur à ne pas quitter l’écran des yeux une seconde au risque de louper un détail suspect. Le contraste entre ces plans de surveillance froids, cliniques et la caméra embarquée de Belle à hauteur d’enfant, avec toute sa candeur et sa maladresse, fonctionne très bien. Les enfants d’ailleurs sont excellents : ils ne « jouent » pas leur rôle comme on peut le voir de manière assez agaçante chez certains, mais le vivent pleinement. Ainsi même leurs erreurs n’ont rien de gênantes : elles renforcent cette impression de voir des enfants vivant une réelle tragédie familiale.

Quelques moments de malaise « sympathiques » et efficaces sont aussi au rendez-vous. Si la mécanique n’a rien de révolutionnaire, notamment au niveau des jump scares, Life of Belle s’avère plus efficace pour brouiller les pistes entre explication rationnelle et hypothèse surnaturelle, maintenant une tension suffisante pour tenir son spectateur en haleine.

« Shaun Robinson oblige son spectateur à ne pas quitter l’écran des yeux une seconde au risque de louper un détail suspect. »

Malheureusement, si ce projet a de nombreuses qualités, il n’est pas non plus exempt de défauts. En effet une fois l’effet de curiosité passé, Life of Belle peine à être autre chose qu’un projet familial et retombe dans un classicisme propre au genre. On n’échappe pas à des incohérences scénaristiques comme le père qui est censé surveiller les caméras, mais que rien ne semble préoccuper malgré ce que nous voyons, nous, d’effrayant sur ces images. De même la conclusion, loin d’être mémorable après une montée en tension et une ambiance aussi prenante, arrive comme un cheveu sur la soupe. Pour se démarquer avec ce genre de recettes, il faut être audacieux jusqu’au bout.

 Au final Life of Belle est un found footage sympathique qui plaira sûrement aux amateurs du genre, mais qui ne fera pas de nouveaux adeptes. Une proposition honnête, faite avec un vrai amour et un vrai respect des codes, mais qui aurait dû s’en éloigner franchement pour devenir un nouveau classique.