Line of Fire : des hommes et des flammes
Boudé par le public US, Line of Fire fait pourtant partie de ces films yankees à 200 %, évoquant de manière intime et spectaculaire le courage de ses pompiers.
Pour qui aurait suivi la carrière du réalisateur Joseph Kosinski, la découverte de Line of Fire (retitrage « francisé », avouons-le pas si bête, du Only the brave original) a de quoi surprendre. L’architecte de formation spécialisé à ses débuts dans la modélisation 3D et les CGI, s’est fait connaître pour deux blockbusters, Tron l’héritage et Oblivion, dont l’attrait reposait essentiellement sur leur impressionnant production design et la volonté manifeste de créer des mondes science-fictionnels autonomes, à l’écrasante puissance visuelle. Avec Line of Fire, Kosinski se frotte cette fois au réel, au « terreux », même, avec la reconstitution d’une dramatique histoire vraie, celle des pompiers de Granite Mountain et de leur lutte contre un incendie qui menaçait la ville de Yarnell en 2013. Sanctionné d’un bide aux USA, le film est sorti chez nous en e-Cinéma, ce qui n’empêchera pas Kosinski de rempiler pour un nouveau gros projet « réaliste » attendu, à savoir Top Gun 2 : Maverick avec Tom Cruise.
Feux intérieurs
Un climax brûlant
Bien sûr, si l’histoire des « Hotshots » a été portée à l’écran avec autant de soin (et de budget) et de talents devant la caméra, c’est parce qu’elle s’est mal terminée. Le soin avec lequel le film s’appesantit sur la vie et le parcours de ses héros, qui font chacun face à des dilemmes et des choix de vie on ne peut plus normaux, prend une dimension différente une fois que Kosinski en arrive au climax attendu : un large incendie qui va prendre toutes les brigades impliquées de court. Le professionnalisme enjoué des personnages de Line of Fire se heurte dans ces ultimes moments à une force terrible implacable, un destin en marche que le film choisit de symboliser lourdement à travers l’image d’un ours en flamme courant à travers la forêt.
Impossible à ces moments de ne pas avoir une pensée pour tous les pompiers qui ont bataillé ces derniers mois dans la fournaise californienne pour empêcher leur région de devenir une terre calcinée. Impossible aussi de retenir une larme quand la somme des individualités rassemblée dans la brigade, présentées de manière aussi synthétique (la plupart d’entre eux sont de simples visages en arrière-plan) que longuette (il faut près d’une heure et demi pour en arriver là), fait face à la tragédie, et emporte avec elle les sourires de toute une communauté. Line of Fire touche alors au but de la manière la plus pudique et la plus terrassante possible. Ces pompiers- là étaient peut-être de joyeux rednecks adeptes de plaisirs simples, mais ils n’en restaient pas moins des hommes fragiles face à une Nature impitoyable.