Mandy : Nicolas Cage versus Evil !
Projet barré et excitant, Mandy promet un retour en forme pour Nicolas Cage, plongé dans l’univers expérimental du cinéaste Panos Cosmatos. Bande-annonce !
Les raisons de s’emballer à l’annonce d’un nouveau film avec Nicolas Cage se font rares depuis quelques années. Déjà, cela arrive au moins quatre fois par an, l’acteur américain paraissant décidé à exploser le record d’un Eric Roberts (plus de 500 rôles au compteur) avant ses 70 ans. Et le résultat, souvent destiné au marché de la vidéo ou à une sortie salles limitée aux US, donne l’impression que le comédien, qu’Internet a définitivement rendu culte, brade sa popularité dans des histoires indignes de lui. Pour un Joe, un Casse de bonne facture avec Elijah Wood ou un Mom and Dad (un peu) fun, combien de Chaos, de Croisades, d’Arsenal ou d’Usurpation, aussi cheap qu’anonymes ?
L’arrivée dans ce contexte de Mandy est d’autant plus excitante. Découvert à Sundance, puis sélectionné (excusez du peu) à la Quinzaine des réalisateurs, cet OVNI marque le retour derrière la caméra du cinéaste grec Panos Cosmatos. Il a suffi d’un long-métrage, Beyond the black rainbow, pour extirper ce jeune réalisateur de l’ombre de son père, George, que les trentenaires connaissaient en tant que metteur en scène de Rambo II et Leviathan. Ésotérique et impénétrable, hanté par les spectres de Kubrick, Nicolas Roeg, Lynch et Cronenberg, Beyond the black rainbow est le genre d’expérience clivante qui ne laisse personne indifférent, et de l’avis général, Mandy se situe dans la lignée de ce premier essai encore invisible en France après sa présentation à l’Étrange Festival. Sauf que cette fois, Cosmatos, peut-être aidé par son coproducteur Elijah Wood, a attiré dans son univers une star, qui livre l’une des meilleures performances de sa carrière, aux dires des premières critiques.
Qu’on m’apporte mon épée et ma tronçonneuse !
Dans Mandy, Nicolas Cage joue un bûcheron nommé Red, et file le parfait amour dans une maison au fond des bois avec sa femme Mandy (Andrea Riseborough, Birdman, Oblivion). Leur romance quasi cosmique prend un tour infernal quand le couple est attaqué à son domicile par un culte d’illuminés emmené par Jeremiah Sand (Linus Roache, Vikings). Tout comme le directeur photo, Red voit rouge, et va se forger une épée pour assouvir sa quête de vengeance. Ah, et il y aura aussi une tronçonneuse disproportionnée pour pimenter les choses.
Après avoir fantasmé pendant des mois sur les rares images de cette série B a priori bien gore, la bande-annonce se charge de clarifier les choses : Mandy se présente comme une vraie déflagration sensorielle, baignant dans une imagerie fétichiste métal, submergée de filtres criards et d’idées stylistiques hypnotiques (ce morphing de visage en gros plan !). Un trip stimulant et expérimental, où Cage représenterait un peu la cerise sur le gâteau : le côté viscéral et impulsif de son jeu d’acteur, souvent mal canalisé, est ici libre d’exploser à bon escient, l’ensemble du projet semblant verser de toute manière dans le surréalisme le plus halluciné qui soit.
Le film sortira aux USA en septembre prochain, et d’après les premiers échos, une sortie directement en vidéo semble à l’ordre du jour pour la France. D’ici là, il ne serait pas étonnant de croiser Nicolas et sa tronçonneuse dans le programme de l’Étrange festival…