McWalter : y a-t-il un youtubeur pour sauver la parodie ?

Premier rôle en tête d’affiche d’une des stars de YouTube, McWalter fait honneur à l’humour de Mister V, malgré des moyens visiblement limités.
Humoriste tous-terrains, second rôle chez Agnès Jaoui (Place Publique) et Fabien Onteniente (Camping 3), instigateur de memes et roi de la blague pétomane, Mister V est un des rares youtubeurs des années 2010 à avoir réussi à s’imposer dans le temps. Populaire auprès de la Gen Z et d’une partie des Millenials, son arrivée en tant que premier rôle dans la comédie se faisait attendre, après notamment une apparition dans Banger sur Netflix. C’est chose faite avec cette adaptation en format long de ses courts-métrages McWalter. C’est au créateur de Hero Corp Simon Astier, dont c’est le premier long-métrage, qu’incombe la responsabilité de mettre en scène cette comédie d’action parodique. Alors, pouce rouge ?
Mission : peut mieux faire

McWalter est le meilleur des meilleurs des agents secrets, mais en plein deuil de sa compagne Tracy, il est accusé à tort d’attaques terroristes autour du globe, où son ADN est à chaque fois retrouvé. Fugitif, l’espion va devoir à la fois prouver son innocence et déjouer un complot voué à détruire le monde… Bonne nouvelle : Yvick Letexier, de son vrai nom, a réussi à se démarquer de ses collègues de YouTube et McWalter n’est pas le calvaire que pouvait être par exemple Le Manoir. Mieux : il s’avère même drôle. L’humour habituel du vidéaste, à base d’humour pipi caca, côtoie des moments d’absurdité bien pensés, à base de mime et de peau de banane. On applaudira également le fait d’avoir évité la succession de caméos pour plutôt mettre l’accent sur ses seconds rôles. À ce titre, William Lebghil réussit un véritable hold-up humoristique au sein du film. Difficile d’en dire autant de Géraldine Nakache et François Berléand, mal dirigés et passant à côté de leurs blagues. Souffrant également d’une durée excessive pour une comédie de cet acabit, le film perd en rythme, la faute à son scénario creux et anecdotique.
« William Lebghil réussit un véritable hold-up humoristique. »
Il est bon de le répéter : le but principal d’une comédie est de faire rire. Mais si McWalter fait souvent mouche, difficile de fermer les yeux face à des problématiques budgétaires venant empiéter sur la qualité du métrage. Du doublage approximatif des figurants, bien que ce soient parfois des gags, aux décors bulgares cheap, en passant par les effets spéciaux, tout semble au rabais. Simon Astier et Mister V essaient peut-être de faire ce qu’ils peuvent, mais force est de constater qu’avec un budget équivalent à celui d’un DTV de Steven Seagal, McWalter reste un sketch YouTube version longue. Et pourtant, ce côté fauché peut parfois jouer en leur faveur, puisqu’eux-mêmes semblent conscients de cette contrainte, et usent de gags, brisant le quatrième mur, à base de décor projeté sur un écran ou de câble apparent. On ne peut qu’espérer qu’avec de plus grands moyens et une meilleure écriture, le prochain projet d’Yvick Letexier le fasse rentrer dans la cour des grands, aux côtés de ses idoles Kad et Olivier.