Séance de rattrapage : Dîner à l’anglaise

par | 4 février 2025 | À LA UNE, Critiques, RATTRAPAGE

Dîner à l’anglaise : humour noir mollasson

L’alléchant Dîner à l’anglaise déçoit malgré son chouette casting. Cette comédie dramatique très théâtrale manque de saveur.

Sur le papier, Dîner à l’anglaise dispose de tous les atouts d’une charmante comédie noire, à la lisière du vaudeville et du polar chic. Dans l’intérieur bourgeois d’une maison londonienne contemporaine, un couple ruiné accueille trois amis de longue date pour un dernier dîner avant leur déménagement forcé. Mais un drame viendra perturber la dégustation du clafoutis du maître de maison. Comme dans une pièce de théâtre, des péripéties se succèdent de la voisine trop invasive, au duo de policiers plus mignons que menaçants et l’apparition froide et décisive d’un acheteur potentiel.

Une soirée so british

Dîner à l’anglaise : humour noir mollasson

Dîner à l’anglaise est porté par des têtes connues, de Rufus Sewell, le très charismatique mari de La Diplomate, à Indira Varma, inoubliable maîtresse libérée, puis apeurée dans Game of Thrones, en passant par Olivia Williams (Dune) et Shirley Henderson (Bridget Jones). Force est de constater que ce petit « gratin » de la scène britannique est contraint de composer avec un scénario paresseux qui les oblige à en faire des tonnes. Même Sewell, avocat spécialisé dans la défense des violeurs (ça ne s’invente pas), mais gentil quand même, manque clairement de cohérence dans son jeu. Le casting féminin, qui vocifère à longueur de temps, n’est vraiment pas non plus à son avantage. Il reste difficile de s’attacher à un tel panel exaspérant et sans profondeur.

« Le film grince, remue légèrement, mais peine à intéresser. »

Le film repose sur la mystérieuse Jessica, romancière célibataire à succès, meilleure amie des deux couples et dont les charmes ne laissent pas indifférents les convives masculins. Moyennement la bienvenue dans ce dîner, elle suscite à juste titre la jalousie de la maîtresse de maison qu’elle adore bitcher. Paradoxalement, la réputation de ses livres, qui lui valent un certain succès, laisse indifférents, du moins en apparence, ses plus vieux amis. Tour à tour odieuse, passionnée (voire gnangnan) et visiblement dépressive, cette protagoniste-clé s’avère aussi caricaturale qu’incompréhensible.

Un repas qui reste en travers de la gorge

Dîner à l’anglaise : humour noir mollasson

Lovée dans une unité de lieu, de temps et de personnages, cette nuit tragi-comique déchire violemment les liens d’amour et d’amitié qui unissent ses personnages. Beaucoup de long-métrages et de pièces ont pavé les ressorts attendus de Dîner à l’anglaise, comme Cuisines et Dépendances ou bien encore Festen, pour ne citer que deux exemples européens. Certes, le film grince, remue légèrement, mais peine à intéresser. Difficile d’être touché par la vie mièvre d’un playboy de seconde zone, d’une femme qui refuse d’être déclassée ou d’un architecte pitoyable après avoir fait de mauvais placements.

Aux termes de débats artificiels aux dialogues lourds et répétitifs, les futurs ex-amis s’embarquent dans une entreprise criminelle en voiture puis dans l’appartement de Jessica. Quelques touches vachardes viennent rehausser le ton et semblent rappeler que le spectateur est quand même là pour savourer un moment d’humour noir, attiré pour cela par un paresseux titre français. Toutefois, le running gag autour du clafoutis, tout comme les révélations autour du fameux « Monsieur X » tombent à plat. Une conclusion attendue vient après toutes ces molles péripéties conclure ce théâtre de boulevard poussif et décevant.