Somewhere Quiet : dans la psyché d’une final girl

par | 13 mai 2025 | À LA UNE, Critiques, SHADOWZ

Somewhere Quiet : dans la psyché d’une final girl

Flirtant avec l’horreur et le drame psychologique, Somewhere Quiet nous captive en suivant une femme traumatisée en plein mystère familial.

Premier long métrage de la réalisatrice Olivia West Lloyd, Somewhere Quiet fait le pari, réussi, de suivre le parcours de la fameuse « final girl » des films d’horreur, mais en démarrant son histoire après les événements traditionnellement racontés. La question posée ici est simple et intrigante : que devient cette figure incontournable, mais rapidement oubliée du film d’horreur, une fois l’horreur terminée et l’émotion retombée ?

Jennifer Kim, jusque-là surtout habituée aux rôles secondaires (dans Mozart in the Jungle, Dr Death ou récemment The Kill Room), crève l’écran en incarnant Meg, qui tente de se reconstruire après un événement traumatisant et part se reposer dans une vaste demeure familiale à Cape Cod. Son interprétation tout en nuances donne vie à un personnage à la fois vulnérable et déterminé, qui casse les codes du genre, loin de la jeune femme se contentant de fuir en hurlant dans les bois.

Trauma irrésolu et cauchemars obsédants

Somewhere Quiet : dans la psyché d’une final girl

Plutôt que de tomber dans le sensationnalisme, Somewhere Quiet préfère se concentrer sur les répercussions psychologiques d’un traumatisme (ici, un kidnapping brutal) et à travers le personnage ambigu du mari de Kim, Scott (Kentucker Audley, acteur, réalisateur et scénariste du très particulier Strawberry Mansion), le scénario fait le choix à la fois frustrant et réjouissant de plonger le téléspectateur dans le même état de confusion que Kim, confrontée à des cauchemars récurrents et des secrets inavouables. Marin Ireland, récemment vue dans Le croque-mitaine, joue Madelin, une cousine envahissante de Scott, qui vient ajouter une tension supplémentaire et complète une distribution globalement très qualitative.

« Un vrai travail sur la psyché humaine et la manière dont le trauma impacte la perception de la réalité et les relations interpersonnelles. » 

Pas de séquences gore ici, mais un vrai travail sur la psyché humaine et la manière dont le trauma impacte aussi bien la perception de la réalité que les relations interpersonnelles. Meg est ainsi très touchante, femme solitaire que personne ne semble pouvoir comprendre et qui voit sa propre conscience s’effriter un peu plus chaque jour en même temps que sa relation avec son mari s’effondre. Somewhere Quiet, plutôt que de s’appuyer sur de grands effets, privilégie un travail tout en subtilité sur les regards et les silences. Ce qui n’y est pas montré devient bien plus angoissant que tout le reste. Même débutante, la réalisatrice propose un long-métrage de qualité et bien maîtrisé et on comprend aisément le prix de la meilleure réalisation qu’elle a reçu au Screamfest Horror Film Festival de 2023.

Au final Somewhere Quiet, oscillant entre thriller psychologique et drame intimiste, s’avère être un premier film aussi dérangeant que captivant, et on ne peut qu’attendre avec impatience les prochains projets d’Olivia West Lloyd.