T.I.M. : un robot qui vous veut trop de bien
L’héroïne de Barbare, Georgina Campbell, tente de freiner un androïde de maison possessif dans l’honnête thriller SF T.I.M.
La figure du robot créé par l’Homme et, se sentant supérieur à lui, finit par se retourner contre son créateur, est un cliché connu de tous, depuis au moins l’époque où IBM a inventé le mot « ordinateur ». Le cinéma, comme d’autres disciplines artistiques, s’est emparé de ces thématiques pour donner corps à nos inquiétudes, nos doutes quant à l’évolution possible de technologies si merveilleuses qu’elles pouvaient être, dans le même temps, destructrices. Notre époque est désormais concernée par l’importance prise par l’intelligence artificielle, par le contrôle qu’elle peut exercer, et exerce sans doute déjà, sur nos vies. L’IA est donc, mécaniquement, devenue un « méchant » à la mode au cinéma, de M3gan à L’IA du mal en passant par le dernier Mission : Impossible ou bientôt Companion. Marquant les débuts derrière la caméra de Spencer Brown, le Britannique T.I.M. s’empare de ce thème contemporain tout en réutilisant la bonne vieille technique de l’androïde trop parfait pour ne pas être menaçant.
Les androïdes rêvent-ils de femmes électriques ?
L’intrigue de T.I.M. se déroule pour l’essentiel dans une villa superbe et ultramoderne nichée au cœur de la campagne anglaise. Un cocon écolo-futuriste où viennent s’installer Abi, ingénieure en robotique (Georgina Campbell, l’héroïne de Barbare) et son mari Paul (Mark Rowley), loin du stress londonien. Abi démarre un job dans une entreprise d’électronique qui fabrique des serviteurs d’intelligence artificielle, des « TIM » (joués par un magnétique Eamon Farren et son teint de porcelaine). Des androïdes, donc, qui pourront gérer, de A à Z, la vie à la maison, en réseau avec la domotique du bâtiment. Des domestiques en métal encore au stade de prototype, dont le couple accueille bientôt un premier spécimen dans leur maison. Ce T.I.M. n’est pourtant pas encore à jour émotionnellement. Il commence à développer un attachement tout sauf algorithmique pour la maîtresse de maison, et à percevoir la présence de Paul, allergique à ces gadgets hi-tech et avec qui Abi essaie de recoller les morceaux, comme un obstacle à une vie parfaite à deux…
« T.I.M. utilise de manière angoissante des nouvelles technologies qui peuplent déjà notre réalité, dans un décor idyllique faussement rassurant. »
À la fois thriller domestique où la menace est dès le départ présente au sein du nid familial et film de SF où un robot ultra-perfectionné se transforme en cauchemar sur pattes dès que son intelligence exponentielle prend un virage sociopathique, T.I.M. avance sur des sentiers balisés. Avec son look androgyne et impavide, il est évident dès les premières minutes que le robot blond, comme M3gan dans la production James Wan, va péter un fil et s’en prendre à sa naïve héroïne et son compagnon. L’intérêt est alors de savoir comment et à quel point cet antagoniste va mener ses plans à bien. Transformation de voitures sans pilote en pièges sur roues, fabrication de fausses images compromettantes, prise de contrôle des appareils domestiques : T.I.M. utilise de manière angoissante des nouvelles technologies qui peuplent déjà notre réalité, dans un décor idyllique faussement rassurant. Spencer Brown s’appuie beaucoup sur ses acteurs, convaincants malgré le manque d’originalité de leurs personnages, et un suspense qui prend un tour brutal dans le dernier acte. Pas de quoi réinventer les lois de la robotique, mais cette méchante IA fait de beaux efforts pour ne pas se faire trop rapidement oublier.