The Abyss : une bonne catastrophe à la suédoise
Intrigues familiales et destruction d’une petite ville s’emmêlent dans The Abyss, film catastrophe suédois inégal et trop modeste pour être inoubliable.
Tout comme le récent The North Sea, venu lui de Norvège, le Suédois The Abyss (rien à voir, bien sûr, avec le classique de James Cameron) est un film catastrophe qui puise son inspiration dans la réalité locale. Le long-métrage de Richard Holm, vétéran des séries télé et de la franchise Johan Falk en particulier, s’inspire en effet de l’histoire de la commune de Kiruna, petite ville du nord du pays qui abrite une gigantesque mine de fer à ciel ouvert. Les sous-sols de cette région ont tellement été exploités par la compagnie minière que cela a entraîné des glissements de terrain et que la décision a été prise par le gouvernement de déplacer l’intégralité de la ville de 3 km vers l’est ! Un déménagement titanesque à plusieurs milliards d’euros, qui nous est rappelé en ouverture de The Abyss et constitue un prétexte en or pour broder l’un des premiers films catastrophe suédois à grande échelle.
La mine des mauvais jours
Comme dans un film de James Cameron, finalement, l’héroïne de The Abyss, Frigga (Tuva Novotny, Annihilation) est une femme à poigne et au regard d’acier, qui a grandi à Kiruna et officie en tant que responsable de la sécurité de la mine. Frigga a une fille rebelle qui l’évite tant qu’elle peut, un divorce en cours de route, un fiston aux abonnés absents et un amant entreprenant qui débarque au mauvais moment. Le mauvais moment en question étant une fissure critique dans les profondeurs de la mine, qui va faire s’effondrer petit à petit une partie de la région dans une cavité gigantesque. Il va falloir lutter pour survivre et éviter d’être englouti… mais pas avant que la famille ait résolu ses problèmes insolubles !
« Une ambiance de drame réaliste au sein duquel viennent s’intercaler des séquences typiques des films catastrophe. »
Loin de la grandeur mélodramatique et de l’orgie spectaculaire des films hollywoodiens, The Abyss se caractérise au sein du genre par sa mise en place patiente et la caractérisation presque maniaque des interactions au sein de la famille de Frigga. Une bonne heure est ainsi dédiée à une lente montée en puissance de la menace qui se matérialise à Kiruna, le temps d’installer quelques quiproquos romantiques, et d’établir les rapports de force entre le mari maladroit et toujours amoureux, et le valeureux amant venu dans la bourgade avec des idées de mariage en tête. Tout cela est plutôt bien joué – surtout par la charismatique Novotny -, dans une ambiance de drame réaliste au sein duquel viennent s’intercaler des séquences typiques des films catastrophe : victime innocente aspirée par des fissures, ou descente stressante dans une mine en passe en s’effondrer. On nous épargne au moins le coup des autorités incrédules face au danger, ce qui n’aurait aucun sens vu le statut « en péril » de la ville établi dès le départ.
Là où le bât blesse, c’est que ce classicisme s’applique aux séquences de destruction vers lesquelles tend tout le métrage : si Holm se montre solide pour faire monter la tension et emballer des moments très claustro, la catastrophe attendue est brève et frustrante. Le véritable final de The Abyss est une séquence de sauvetage impliquant un personnage jamais vu avant (d’où une implication émotionnelle limitée) et le sacrifice un peu facile, même si pas forcément attendu, de certains personnages. Il en résulte une impression de production aguicheuse et divertissante, dans un cadre qui plus est assez original, mais trop limitée dans son ambition et ses rebondissements pour se hisser au niveau des meilleurs titres du genre.