The North Sea : c’est la mer qui prend feu

par | 13 décembre 2023 | À LA UNE, BLURAY/DVD, Critiques, VOD/SVOD

The North Sea : c’est la mer qui prend feu

Après The Wave et The Quake, la terre continue de trembler en Norvège dans le maritime The North Sea. Plus modeste, mais toujours spectaculaire !

Il aura suffi de deux films pour mettre la Norvège sur le radar des amateurs de film-catastrophe, et fait rare dans le genre, il s’agissait plus ou moins d’une saga. Les héros de The Wave (sur un fjord ravagé par un raz-de-marée) et The Quake (sur un séisme qui détruit Oslo) étaient en effet les mêmes malchanceux confrontés à une Nature particulièrement destructrice. Si The North Sea (The Burning Sea en VO) conserve les mêmes producteurs, décidément décidés à ravager par tous les bouts leur contrée natale, il rebat les cartes en termes de protagonistes et prend une dimension plus ouvertement militante écologiquement. En situant son action dans le monde des plateformes pétrolières offshore, le film assimile en effet la logique productiviste de la Norvège à un désastre écologique – ce qui n’empêche pas The North Sea de chausser également sa casquette de divertissement aux images de destruction dantesque.

Un périple soigné et engagé

The North Sea : c’est la mer qui prend feu

Ironiquement, le film s’ouvre (et se conclut aussi) sur un mélange d’images d’archives réelles et d’interviews fictives, pour replacer le contexte historique de son scénario : la Norvège est l’un des plus gros exportateurs de pétrole, ce qui a fait la richesse du pays au prix d’une exploitation effrénée de son patrimoine maritime et de la construction de dizaines de plateformes ultra-polluantes. Une mise en place factuelle, qui ancre The North Sea dans son époque, et donne une facture plus réaliste à ce qui suit, malgré l’aspect un poil fantaisiste de la catastrophe qu’il imagine. L’héroïne est Sofia (Kristine Kujath Thorp), scientifique ayant développé un robot sous-marin particulièrement flexible, auquel une compagnie pétrolière fait appel pour explorer l’une de ses plateformes endommagées dans un apparent accident. L’exploration se passe mal, et l’équipement explose. C’est le premier acte d’un désastre global et d’une réaction en chaîne dévastatrice : une faille s’est ouverte dans les profondeurs à cause des forages massifs en mer du Nord, et les séismes et raz-de-marée vont se multiplier au bord des côtes norvégiennes.

« Si vous êtes là pour voir des gros machins métalliques et des bateaux s’effondrer en pleine mer dans de belles gerbes d’explosions, vous êtes à la bonne adresse. »

Avec un budget que nous devinons infinitésimal comparé aux productions des spécialistes de la discipline comme Roland Emmerich, The North Sea en remontre aux concurrents les plus cossus pendant sa percutante première heure. Rarement exploré au cinéma (la récente série The Rig y avait posé ses caméras, sans convaincre), à part dans des recréations de faits réels comme l’américain Deepwater, le décor des plateformes offshore fournit un mélange adéquat de points de vue vertigineux et de fragilité conceptuelle pour orchestrer ses scènes de tension et de destruction. Comme souvent dans les films nordiques, les scènes utilisant massivement les effets visuels sont rares, mais d’autant plus marquantes et soignées. En gros, si vous êtes là pour voir des gros machins métalliques et des bateaux s’effondrer en pleine mer dans de belles gerbes d’explosions, vous êtes à la bonne adresse – et le film fidèle à son titre original.

Cette partie du contrat respecté, il faut reconnaître en parallèle que The North Sea se montre plus sage, moins surprenant, côté développement des personnages. Sofia et son acolyte (dont nous pouvons supposer qu’il s’est fait « friendzoner ») vont voler au secours de l’amoureux de la blonde héroïne, évidemment piégé dans l’une des plateformes en péril, un petit garçon resté au chaud va pleurer avec courage, et les supérieurs hiérarchiques de la compagnie, qui ne tombent pas dans la caricature, mais n’en restent pas moins impuissants, vont s’occuper des comptes à rebours et des simulations qui font peur pour équilibrer le tout. C’est millimétré de ce point de vue et tout est bien rangé à sa place, jusqu’à un sacrifice final qu’on voit venir depuis au moins les plages belges. Plus que ces ressorts narratifs éprouvés, c’est donc la dimension « bonus » de mise en garde environnementale, spécifique à un pays qui s’est mis à l’écart de la communauté européenne tout en accumulant les richesses grâce aux énergies fossiles. Une marche en avant que le film de John Andreas Andersen (qui avait déjà réalisé The Quake) pointe du doigt sans détour, emballant ainsi un film catastrophe qui ne résume à ses mètres cubes de tôle engloutit.