Genre ô combien artificiel dans sa construction, parce qu’il obéit à des règles implicites que tous les personnages suivent sans sourciller, le slasher se prête particulièrement bien à la mise en abyme. Dans The Town that dreaded sundown, le principe est poussé jusqu’au vertige, de manière subtile et jouissive. Le film est à la fois la séquelle et le remake d’une série B du même nom sortie en 1976, inspiré de faits réels s’étant déroulés dans une bourgade sudiste à cheval sur deux États. Dans la nouvelle version, les habitants, traumatisés par cette affaire de meurtres en série à la fois fictive et réelle, projettent le film chaque année, sans se douter que le tueur, 60 ans après, veut toujours semer la terreur…
Tordu ? Plutôt, oui, surtout pour nous, spectateurs français, confrontés à une mythologie qui nous est inconnue (le premier film est inédit en France, mais culte aux USA), et un jeu de chausse-trappes entre réalité et fiction sophistiqué – au point que la famille du réalisateur de 1976 joue aussi un rôle dans le long-métrage d’Alfonso Gomez-Rejon (This is not a love story). Produit chez Blumhouse, The town that dreaded sundown a connu quelques soucis de post-production, mais le film tel qu’il est reste tout de même sacrément soigné : la photo de Michael Goi (American Horror Story) est splendide, le tueur et son sac de toile à la Jason est d’une sauvagerie mémorable, et le côté narrativement ludique de l’ensemble rafraîchissant.