Tomb Watcher : SOS, mon fantôme !

Un veuf vénal et sa maîtresse subissent les foudres d’une épouse vengeresse dans l’oubliable et très générique Tomb Watcher.
Rares sont les films thaïlandais sortant sur Netflix qui font parler d’eux. On peut citer Hunger en 2023 (une jeune cuisinière d’un streetfood familial rejoint la brigade d’un chef réputé), qui avait réussi à se faire repérer, à juste titre. Ou plus récemment Ziam (un boxer thaï contre des zombies) qui lui est déjà oublié – à juste titre aussi. Sorti au cinéma dans son pays, et même en tête du box-office lors de son premier week-end, ce mois-ci c’est Tomb Watcher qui sort sur la plateforme. Un film d’horreur / fantastique en forme de huis-clos peu inspiré ou effrayant, réalisé par Vathanyu Ingkawiwat (un des scénaristes de Ziam justement) qui risque bien de connaître le même destin.
Dans les bois, personne ne vous écoute crier

L’histoire se déroule dans les années 90 et nous présente un couple qui s’aime et vit parfaitement heureux. L’homme, Cheev (Thanavate Siriwattanagul) est peintre, la femme Lunthom (Woranuch BhiromBhakdi) est riche et a un travail à responsabilité dans une grande entreprise. Elle meurt subitement dans leur luxueuse maison. Cheev en est profondément affecté. Du moins c’est ce que le film nous montre, en le présentant se recueillant sur le cercueil vitré de sa femme, digne de celui de Blanche-Neige. L’acteur n’exprime pas grand-chose, ni à ce moment-là ni plus tard, et c’est un problème quand le film ne compte que deux personnages. Sa tristesse est de façade, puisque nous apprenons qu’il a une maitresse, Rossukhon (Arachaporn Pokinpakorn) depuis quelque temps déjà. Ce nouveau couple va enfin pouvoir vivre son amour au grand jour : seuls et isolés dans une maison en bois perdue dans la forêt. Une perspective qui n’enchante pas Rossukhon. Mais qui empire puisqu’il faudra vivre 100 jours avec le cadavre de l’ex-femme pour toucher l’argent de celle-ci, l’objectif ultime de Cheev.
« Jamais vraiment horrifique, jamais pertinent… »
À partir de ce pitch autant intrigant qu’improbable, le film va enchainer répétitivement 3 types de scènes : les apparitions fantomatiques et menaçantes de l’ex-femme, l’histoire d’amour du couple anciennement illégitime, et les flashbacks du couple initial, pas aussi heureux que présenté en début de film. C’est le deuxième problème de Tomb Watcher : aucune de ces parties ne fonctionne vraiment. À commencer par les apparitions horrifiques. Si l’aspect du fantôme est réussi (très proche de celui de The Whole Truth – autre film d’horreur thaïlandais dispo sur Netflix) ses apparitions sont de simples jump scares jamais menaçants. Précisons d’ailleurs que sa vengeance ne cible que la maitresse… Concernant le couple, nous avons plus que du mal à nous attacher : il n’y a pas d’alchimie, Cheev ne fait pas vraiment d’effort, et on ne compte plus le nombre de fois ou Rossukhon menace de partir, mais reste sans justification vraiment solide. Enfin, les flashbacks sur les époux ne forment qu’un léger drame sur le délitement d’un couple, sans originalité et qui plombe sérieusement le rythme et la tension.
L’amour n’est pas dans la forêt

Alors que retenir de Tomb Watcher ? Pas grand-chose. Jamais vraiment horrifique, jamais pertinent lorsqu’il traite de l’infidélité, du deuil ou du couple. Carrément exaspérant dans sa manière de reporter la faute sur la maîtresse seulement et dans les décisions illogiques de celle-ci. Même la situation de huis-clos dans un cabanon isolé n’est pas exploitée et n’apporte aucune tension supplémentaire – un comble ! Dernière déception, la nationalité de Tomb Watcher ne donne jamais de relief à une trame finalement classique. La culture et le folklore propres à la Thaïlande, qui pouvaient éveiller un autre intérêt et le faire sortir de la catégorie « vite vu, vite oublié », sont mis de côté malgré deux scènes oubliables à l’extérieur avec rites d’habitants locaux.