Top 10 : gentils les robots, gentils !
La sortie de Chappie vient nous rappeler que les robots n’ont pas uniquement été créés pour nous exterminer. Vous aussi, vous aimeriez les adopter !
L’un des éléments communs à pratiquement tout bon film de science-fiction est la présence des robots. Discrets ou ultra-perfectionnés, doués de conscience ou juste d’une intelligence formidable, les « machines du futur » constituent le parfait épitome du génie humain, capable d’inventer des formes supérieures et, si possible, de les contrôler. Isaac Asimov a été le premier à imaginer les trois lois qui régiraient d’ailleurs le comportement de ces intelligences artificielles. La fiction étant friande de tragédie, les robots manquent toutefois souvent à leur devoir : combien de films les présentent comme des engins de guerre programmés pour nous détruire après que nous ayons trop joué à Dieu ?
Tas de feraille attachants
Assez d’apocalypses ! La sortie du Chappie de Neil Blomkamp, dont le héros au départ innocent est un robot aux oreilles de lapin, qui doit faire son apprentissage « à la dure » dans les rues d’Afrique du Sud, donne une bonne occasion pour nous pencher sur les robots cinématographiques qui ne sont, eux, que gentillesse et n’ont pour seul objectif de nous venir en aide. Des gentils robots, en quelque sorte, mais avec plus de prédispositions au langage que nos amis les chiens.
Histoire de simplifier les choses, nous avons exclu de ce top 10 les cyborgs, qui sont des créatures à la fois organiques et mécaniques (comme Robocop), et limité au maximum la présence des androïdes, comme L’homme bicentenaire. Il est un peu trop facile de s’attacher à ce qui a forme humaine, même s’il est finalement impossible d’échapper à une conception humanoïde du parfait robot : deux bras, deux yeux, deux jambes… À l’image de son Créateur, forcément. Trêve de présentation : il est temps d’astiquer vos boulons. Bonne lecture !
10. SONNY
Film : I, robot (2004)
De toutes les créations présentes dans ce top, « Sonny » est sans doute celui dont l’apparence se rapproche le plus d’un être humain. Dans le blockbuster en demi-teinte d’Alex Proyas, ce robot ultra-perfectionné au visage ovoïde, soupçonné d’avoir enfreint la première loi robotique (ne pas agresser un être humain) en tuant son créateur, est aux avant-postes d’une révolution mondiale impliquant l’ensemble de son « espèce », à laquelle assiste impuissant le détective robo-phobe incarné par Will Smith. Malgré ses défauts (placements produits incessants, star-system encombrant, dénouement précipité…), I, Robot a marqué les esprits grâce au design à la fois charismatique et perturbant de ce Sonny et des siens. Fondamentalement, ces robots-là veulent notre bien : mais s’ils sont menacés par les humains, sont-ils autorisés à réagir ?
9. ROBBY LE ROBOT
ilms : Planète interdite (1956), Le cerveau infernal (1957)
Les plus jeunes riront peut-être en découvrant la silhouette rondouillarde et l’allure de bonhomme Michelin de l’espace de Robby le robot. Chères têtes blondes, sachez-le : Robby est l’un des personnages les plus cultes de la science-fiction, depuis la sortie de Planète Interdite en 1956 ! À l’époque, ce robot créé par Robert Kinoshita avait même remonté les Champs-Élysées pour promouvoir le film, variation culte de La Tempête de Shakespeare, mais dans l’espace. Sacré background pour ce grand gaillard précurseur à tous les niveaux, de son polylinguisme (il parle 188 langues) à sa force surhumaine, en passant par sa bienveillance naturelle, qui inspirera George Lucas. Ce n’est pas un hasard si depuis 50 ans, Robby est devenu une icône culturelle, apparaissant dans Les Simpson, Gremlins ou un décor du jeu Fallout 3.
8. NUMÉRO 5, OU « JOHNNY 5 »
Films : Short Circuit, Appelez-moi Johnny 5 (1986-1987)
Le succès monstre d’E.T. n’a pas seulement engendré une flopée de productions mettant en vedette de gentils extraterrestres caoutchouteux. En 1986, le film de Spielberg a aussi inspiré le familial Short Circuit de John Badham (La fièvre du samedi soir), où un robot développé pour l’armée américaine développe une conscience après avoir été frappé par la foudre. Estampillé « numéro 5 », cette sorte d’exosquelette aux yeux de mouche montée sur des chenilles, conçue par le génial designer Syd Mead (Blade Runner) finira après moult mésaventures en compagnie d’Ally Sheedy et Steve Guttenberg (oui, nous sommes dans les années 80) par s’auto-nommer Johnny Five, ce qui est nettement plus rock’n’roll. Succès aidant, Short Circuit aura droit à une suite moins réussie, et inspirera nettement le R.O.B. de Nintendo et plus tard, le Wall-E de Pixar. Un reboot de cette franchise moyennement populaire est d’ailleurs toujours dans les tuyaux…
7. ROBOT VGC-60L
Film : Robot and Frank (2012)
Grand succès aux festivals de Sundance et Deauville, Robot & Frank est un drame original, car teinté de science-fiction, sur un cambrioleur à la retraite complètement aigri (un magnifique Frank Langella), qui à cause de ses problèmes de mémoire, se voit prescrire un robot aide à domicile. Ce dernier, au design blanc et rassurant inspiré par les prototypes de robots intelligents développés actuellement au Japon, est embringué malgré lui dans les plans secrets de son « maître », qui veut tenter un dernier coup. Subtil, solaire et attachant, Robot & Frank est bien entendu et avant tout un film d’acteurs et une chronique aigre-douce de la vieillesse solitaire, mais il faut saluer la réussite pas négligeable que constitue la création de ce robot malin, qui passe maître en thérapie passive-agressive et semble aussi doué de personnalité et de répartie que son homologue humain.
6. MARVIN
Film : Le guide du voyageur intergalactique (2005)
Après Robby, Marvin est une autre icône moderne de la science-fiction, car au centre de la saga britannique Le guide du voyageur intergalactique, décliné en livre, en musique, à la radio et enfin au cinéma. Fruit des avancées technologiques d’une civilisation extra-terrestre, Marvin est ce qu’on pourrait appeler une « grosse tête » : prototype un peu raté, son intelligence suprême est tellement peu utilisée qu’il est malheureusement sujet à une constante dépression. Pessimiste patenté, Marvin change radicalement d’apparence lors du passage au cinéma de la saga, devenant un petit bonhomme à énorme tête (il faut au moins ça pour contenir son ÉNORME cerveau), au débit et aux répliques inimitables – Marvin a de fait la voix d’Alan Rickman. Petite anecdote au passage sur cet adorable rabat-joie intergalactique : c’est son surnom qui a inspiré à Radiohead la chanson « Paranoid Android » !
5. C3PO
Films : Star Wars (1977-2005)
Sans doute le robot le plus célèbre de la planète, C3PO (ou Z-6PO, en VF), joué par le filiforme Anthony Daniels, est un robot protocolaire qui a pour signe reconnaissable d’être particulièrement bavard. Ce droïde qui maîtrise « plus de six millions de formes de communication » contraste avec son compagnon plus courageux, le mythique R2-D2. Sorte de Laurel et Hardy en métal, le duo, inspiré entre autres par la forteresse cachée de Kurosawa, se retrouve mêlé à toute sorte de situations drôles et aventureuses. Son apparence est inspirée de l’androïde Maria dans le Metropolis de Fritz Lang. Au début des aventures de Star Wars, on apprend que c’est Anakin qui trouve dans le désert son corps et le répare à l’aide de pièces détachées trouvées chez le ferrailleur Watto. Il confie C3PO à sa mère pour l’aider dans ses tâches quotidiennes. Comme le robot reste nu et dépourvu de plastron, c’est Shmi Skywalker, avec les petits moyens dont elle dispose, qui le parera de sa très seyante carcasse métallique dorée.
4. BAYMAX
Film : Les nouveaux héros (2014)
Baymax est un robot médecin créé pour les besoins de l’oscarisé Les Nouveaux Héros par Disney et inspiré du mangaka japonais Kentarō Ueno. Cet énorme Bibendum blanc a été conçu par Tadashi, le frère de Hiro, le jeune héros du film, dans son laboratoire universitaire. Lorsque Hiro hérite de Baymax, il le pare de nouvelles capacités : le vol et les arts martiaux, qui lui confèrent un statut de super-héros. Sans jamais perdre sa mission de protéger et de soigner inscrite dans une carte graphique insérée dans son ventre, Baymax devient rapidement le meilleur ami et psychologue de son propriétaire. La particularité du robot Baymax réside dans son empathie sans faille envers les humains : il est prêt à tous les sacrifices pour le bien-être de Hiro et refuse de faire le mal. Des qualités essentielles pour un super-héros, non ?
3. LE GÉANT DE FER
Film : Le géant de fer (1999)
Que ce top serve de rappel : oui, Le géant de fer marque une date dans l’animation traditionnelle aux USA. Four inexplicable au box-office, le bijou de Brad Bird (qui passera de Warner à Pixar pour Ratatouille et Les Indestructibles) connaît une postérité inversement proportionnelle à son bide en salles. Et ce n’est que justice ! Conte délicat et aventure incroyable teintée d’une nostalgie jamais feinte, Le géant de fer s’inspire de Norman Rockwell comme du Jour où la Terre s’arrêta pour mettre en scène une histoire d’amitié entre un gigantesque robot de fer (porté par la voix caverneuse de Vin Diesel) et un petit garçon, en plein cœur de la Guerre Froide. Le robot, au design aussi simple qu’imparable, rappelle vaguement les gardiens de Laputa, et porte en lui une dimension tragique, due au fait qu’il peut face à une menace se transformer en véritable arme de destruction. Son destin est aussi déchirant que le film lui-même, l’un des meilleurs de la carrière jusque-là sans faute de Brad Bird.
2. R2-D2
Films : Star Wars (1977-2005)
Une boîte de conserve sur roulettes : jusqu’à ce que la magie du cinéma opère, c’était en ces termes que les producteurs et une partie de l’équipe du premier Star Wars parlaient de R2-D2, à l’intérieur duquel s’est caché pendant six épisodes l’acteur Kenny Baker. Extérieurement, difficile de leur donner tort : R2-D2 est sans doute l’un des robots les plus sommairement conçus de l’histoire de la SF (pourtant pas avare en créations ridicules), avec son design plastique très marqués années 70. Le petit droïde, qui peut pirater n’importe quel réseau informatique dans la galaxie (même l’Etoile Noire), contient dans sa carcasse 1001 gadgets pour aider les héros, et s’exprime en « blips » que seuls les personnages du film comprennent, a pourtant été au centre d’un miracle imprévisible : son langage sonore, plus développé qu’il n’y paraît, a contribué à en faire la plus grande icône de la saga et du space-opera par extension. Toaster, meuble bar, mug ou serre-livres : R2-D2 reste l’une des grandes stars du merchandising Star Wars, et a même gagné du galon dans le dernier épisode en date, La revanche des Sith, en révélant étrangement qu’il savait aussi voler !
1. « WASTE ALLOCATION LOAD LIFTER – EARTH CLASS », OU WALL-E
Film : Wall-E (2008)
Une paire de jumelles judicieusement incurvées en guise d’yeux, un ventre carré qui lui donne des allures de gros chat, des bras agrémentés de pinces et des chenilles à la Johnny Five : il n’en faut pas plus aux petits génies de Pixar pour créer avec Wall-E un spécimen instantanément inoubliable de robot tellement cute qu’il est presque déprimant de ne pas croiser les vrais au coin de nos rues. Car enfin, dans ce chef-d’œuvre animé payant sa dette au cinéma de Chaplin, le robot concasseur de déchets n’a pas besoin de mots pour nous faire rire, nous émouvoir et nous étonner. Tout passe par sa gestuelle, ses grands yeux tournés vers le ciel, son amour pour les comédies musicales, et sa relation avec E.V.E., son parfait opposé, et autre belle création visuelle soit dit en passant. Concentré de virtuosité, d’humour, assorti d’une morale éco-friendly culottée (en gros, ce sont finalement des robots en ferraille chargés de nous assister qui finissent par sauver notre planète), Wall-E est aussi inépuisable qu’infiniment attendrissant !
Pfff ! Y’a même pas Optimus Prime dans ce top, je ne lui accorde donc aucune crédibilité !
On a dit qu’on parlait de robots attachants, non ?
Bumblebee alors 😉