War of the Worlds : j’ai mal à mon H.G. Wells

par | 11 août 2025

War of the Worlds : j’ai mal à mon H.G. Wells

Catalogué comme l’un des pires films de l’année, War of the Worlds est effectivement un désastre visuel et narratif qui ferait rougir de honte Steven Spielberg.

Telle une invasion de Tripodes, une nouvelle adaptation de La Guerre des Mondes d’H.G Wells est sortie par surprise ce 30 juillet sur la plateforme de streaming d’Amazon, prête à envahir les petits écrans du monde entier, cinq ans après avoir été tournée en plein confinement. Le film est déjà célèbre pour avoir récolté un zéro pointé rarissime sur Rotten Tomatoes. Et en effet, si vous avez toujours rêvé de voir l’hybridation entre un sketch Golden Moustache et un téléfilm Syfy de bas étage, c’est enfin une réalité grâce au producteur Timur Bekmambetov (Wanted, Ben-Hur) et à Prime Video.

Windows on the world

War of the Worlds : j’ai mal à mon H.G. Wells

Dans ce War of the Worlds de l’ère digitale, Will Radford (Ice Cube !), expert de la surveillance au sein du Département de la sécurité intérieure, traque les menaces cybernétiques toute la journée sur son ordinateur, tout en gardant un œil sur sa fille enceinte qui achète des donuts et son fils qui joue un peu trop aux jeux vidéo. Mais une attaque extraterrestre planétaire, qu’il découvre au fil de différentes vidéos, va l’obliger à se remettre en question ainsi que le gouvernement pour lequel il travaille.

« Rich Lee a probablement livré la pire adaptation possible
du roman d’H.G Wells. »

Évacuons tout de suite la question : Orson Welles et Steven Spielberg peuvent dormir l’esprit tranquille, car Rich Lee a probablement livré la pire adaptation possible du roman d’H.G Wells. Reprenant le concept de films « screenlife » théorisé par Timur Bekmambetov, ayant fait les beaux jours d’Unfriended, Searching ou encore Profile, on se retrouve donc à switcher sur YouTube, Google Teams ou encore Facebook. Un procédé rappelant cette époque lointaine où l’idée de « film-ordinateur » semblait être, à défaut de dire cinématographique, disons intéressante et ludique. Le hic, c’est qu’au-delà du gimmick, la sauce ne prend pas, la faute à un monde réel qui n’existe qu’au travers d’images libres de droits et à des interactions de personnages dans des environnements vides, ou encore pires, avec des fonds verts aussi crédibles que le jeu monolithique d’Ice Cube devant son écran. Même si War of the Worlds essaye de nous faire croire au collectif et à l’entraide mondiale, impossible d’être crédible tant l’avancée du récit dépend uniquement des agissements américains.

C’est la guerre des data

War of the Worlds : j’ai mal à mon H.G. Wells

Le plus gros problème de War of the Worlds reste le fait qu’il s’agit d’un autel dédié à la gloire d’Amazon, personnifiant la compagnie avec un personnage n’étant là que pour faire la promotion des livraisons par drone (sic), et comble de l’audace, sous-entendre que face à la fin du monde, la marque de Jeff Bezos est celle qui nous sauvera tous. Évidemment, quitte à faire n’importe quoi avec l’héritage de Wells, autant se vautrer dans la théorie du complot selon laquelle le gouvernement très méchant surveille nos moindres faits et gestes et pille nos données personnelles, en camouflant ça avec le récit d’un papa trop protecteur. On pourrait avoir peur des retombées d’un tel produit, mais heureusement, grâce à une interprétation désastreuse (Eva Longoria n’y échappe pas), à la médiocrité abyssale du scénario, et à des effets visuels faisant passer les productions Asylum pour du Weta Digital, la seule vraie catastrophe dans cette histoire reste la perte de temps irrémédiable due au visionnage de ce long-métrage. Rockwell nous chantait en 1983 sa peur que « Somebody’s watching me ». Certains ont toujours peur d’être surveillés aujourd’hui, mais on ne peut espérer qu’une chose concernant ce War of the Worlds : c’est que « Nobody’s watching that » !